Sion/Sitten, Archives du Chapitre/Kapitelsarchiv, Ms. 12
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Description de Geneviève Mariéthoz, 2016.

Titre du manuscrit: Premier volume de la « Bible de Valère ». L’appellation de cette bible tient à sa provenance. En effet, ce manuscrit est mentionné dans l’inventaire dressé en 1364 par le sacristain du Chapitre, Ardicinus de Brusatis, parmi les livres appartenant à l’église supérieure de Valère (sous le numéro 23).
Origine: Saint-Maurice d’Agaune ou Haute-Savoie ?
Période: Dernier quart du XIIe siècle.
Ancienne Cote: 4.
Support: Parchemin (mouton) ; parchemin jauni et pelucheux, nombreuses salissures, taches et traces d’usure, surtout au bas des feuillets.
Volume: F. 299, pas de gardes, mais deux contreplats A et B consistant en des fragments de registres de chancellerie des années 1358-1361 (Leisibach).
Format: 510 x 345 mm (f. 26).
Numérotation des pages: Les rectos des feuillets sont numérotés en chiffres arabes tracés par une main moderne dans leur coin supérieur droit (f. 1-299).
Composition des cahiers:
  • Le premier volume de la Bible de Valère compte 38 cahiers formés de quaternions.
    Le premier cahier du Ms 12 ne comprend que six feuillets, car ses deux feuillets liminaires, dont la base est encore visible, ont été coupés ; les 36 cahiers suivants sont tous constitués de quaternions ; le dernier cahier compte cinq feuillets (il s’agit d’un quaternion dont les trois derniers feuillets ont été coupés).
  • Composition des cahiers : IV-2 (f. 1-6), 36 IV (f. 7-294), 4+1 (f. 295-299) (Leisibach).
  • Les cahiers présentent toujours des réclames dans la marge inférieure de leur dernier feuillet, en bas à droite (sauf pour le f. 222v).
    Ces réclames sont parfois accompagnées par le numéro du cahier (signature) disposé juste un peu plus haut, au centre de la marge inférieure. On aperçoit des signatures sur les feuillets suivants : f. 14v (II), f. 166v (XVII), f. 174v (XVIII), f. 182v (XVIIII), f. 190v (XX), f. 206v (XXII), f. 214v (XXIII), f. 222v (XXIIII), f. 230v (XXV), f. 238v (XXVI), f. 246v (XXVI) (sic), f. 254v (XXVII), f. 262v (XXVIII), f. 270v (XXIX), f. 278v (XXVII) (sic), f. 286v (XXX).
    La fraction du f. 222v qui devait contenir la réclame est déchirée, de sorte que ce feuillet ne comporte plus qu’une signature (XXIIII).
    Notons qu’au f. 151, la signature (XVI) est disposée au début et non en fin de cahier.
  • La règle de Gregory est respectée : les côtés poil et les côtés chair du manuscrit sont mis en vis-à-vis et obéissent à la règle de l’alternance. Le premier feuillet conservé (f. 1r) correspond au côté poil, nous avons ensuite deux feuillets en regard côté chair (f. 1v et f. 2r), puis deux feuillets en regard côté poil (f. 2v et f. 3r). Le premier feuillet originel du Ms 12 (anc. f. 1r) était sans doute disposé côté chair à l’extérieur (Leisibach : PCPC).
  • Pliage des peaux selon le format in-quarto.
  • Les feuillets du manuscrit ne semblent pas avoir été rognés. Du reste, les piqûres figurant le long des marges de gouttière sont toujours visibles et se trouvent à environ un centimètre du bord.
Etat:
  • Le dos de la reliure du manuscrit est en partie déchiré, laissant voir plusieurs couches de parchemin – des fragments de manuscrits – encollées au dos du volume (pour le renforcer), les quatre doubles nerfs, auxquels sont fixés les cahiers, ainsi que les tranchefiles de queue et de tête du manuscrit. Il reste des traces des anciens fermoirs du volume sur l’ais inférieur de la bible. Quelques dégâts d’eau sont visibles ; ils concernent surtout la tranche supérieure du volume (celle de tête), l’eau ayant pénétré dans le manuscrit et étant à l’origine de la détérioration de sa marge de tête, d’une partie variable de sa marge de gouttière, et de coulures d’encre. Les ais et les premiers feuillets supérieurs et inférieurs du manuscrit sont rongés par des insectes (anobiidés). Le manuscrit comporte des salissures, des traces d’usure, des trous et des déchirures souvent ravaudées avec du fil.
  • Le premier volume de la Bible de Valère a été renforcé lors de restaurations (f. 129, 1r et 1v ; f. 132, 1r et 1v ; f. 294, 1r et 1v).
Mise en page:
  • Disposition des piqûres : piqûres dans la marge de petit fond et de gouttière des cahiers. Elles sont encore bien visibles, les feuillets n’ayant pas été rognés.
  • Réglure à la mine de plomb (page par page), tracée à partir de piqûres circulaires disposées aux deux extrémités des feuillets – dans les marges de petit fond et de gouttière –, à environ un centimètre du bord (Leisibach).
  • Deux colonnes d’écriture. Largeur des colonnes : 109 mm (fol. 26).
  • La linéation prévoit 32 ou 33 lignes rectrices pour le texte biblique. Il n’y a pas de linteaux. En général, trois lignes consécutives, disposées au sommet, au milieu et au bas du feuillet, sont tracées à la mine de plomb de manière à s’étendre jusqu’à l’extrémité de la marge de gouttière, ce qui les distingue des autres lignes, plus courtes, et facilite la mise en page.
    Le nombre de lignes rectrices, généralement de 32 pour les sommaires des livres bibliques, atteint 45 lignes pour les sommaires et l’intitulé de la Genèse (f. 2, col. dr.). Au f. 2, on observe la cohabitation de plusieurs types de réglure. Le premier, traditionnel, concerne la fin du prologue du Pentateuque, qui occupe la partie supérieure de la colonne gauche du feuillet (13 lignes). Le second s’applique au texte resserré des sommaires de la Genèse, qui occupe la partie inférieure de cette colonne et la quasi totalité de la colonne droite (42 lignes). Ainsi, la partie supérieure du f. 2 est régie conjointement par deux types de réglure.
  • On compte 32 ou 33 lignes d’écriture pour le texte biblique et 32 pour la plupart des sommaires. La première ligne d’écriture est placée au-dessus de la première rectrice du cadre de justification. Il y a donc autant de lignes d’écriture que de rectrices.
  • Fiche de réglure : 30 + 109 + 19 + 109 + 78 mm x 40 + 372 + 98 mm (f. 26).
  • Unité de réglure : 12,09677 (32 lignes) ou 11,7187 (33 lignes).
  • Dimensions du cadre de justification : 375 x 236 mm (f. 26).
Organisation et disposition du texte écrit :
  • Le texte est disposé sur 2 colonnes, à raison de 32 (f. 1, f. 1v, f. 2, f. 158v et f. 159, f. 177v et f. 178...) ou 33 (f. 2v, f. 3, f. 3v, f. 4, f. 4v ) lignes par page. Les pages en regard ont le même nombre de lignes ; mais il peut y avoir un changement du nombre de lignes à l’intérieur d’un cahier.
  • Début du texte du premier volume :
    En raison de la perte des deux premiers feuillets, le texte débute par la fin de l’intitulé du prologue de Jérôme sur le Pentateuque: CUM MOYSI (f. 1).
  • Titres courants :
    La plupart du temps, les titres des livres bibliques sont tracés en rouge, en minuscules ou majuscules, au sommet des feuillets, côté recto, au centre de la marge de tête.
    Néanmoins, dans le cas de la Genèse, ils ne sont pas encore disposés systématiquement en cet endroit (ils peuvent manquer, figurer sur le verso du feuillet ou sur les deux feuillets en regard). Hormis pour la Genèse, le titre des livres bibliques manque assez rarement (f. 72). En général, il n’est pas inscrit sur le verso des feuillets ; mais il y a des exceptions : « liber » (f. 87v) en regard de « leviticus » (f. 88) ou titre du livre parfois inscrit sur le verso (f. 70v : EXODUS et f. 71 : EXODUS).
  • Introduits par les termes incipit ou explicit, les intitulés annoncent le début et la fin des livres bibliques, des prologues et des sommaires.
  • Les tables des sommaires du Ms 12 précèdent tous les livres bibliques dont elles résument le contenu, à part Ruth et IV Rois. Elles comportent un nombre de lignes identique au texte biblique (32 lignes), hormis dans le cas de la Genèse dont les sommaires, plus compacts, occupent un nombre de lignes supérieur (42 lignes pour ceux logés dans la colonne droite du f. 2, colonne qui abrite, en sus, un explicit et un incipit (3 lignes)). Les sommaires, rédigés dans un plus petit module d’écriture que le reste du Texte sacré, sont la plupart du temps numérotés en chiffres romains et rehaussés de couleur.
  • Grandes initiales introduisant les livres bibliques :
    Le début et la succession des unités textuelles principales, à savoir des livres bibliques et des groupes de livres bibliques, sont marqués par des initiales de grande taille, dont la hauteur varie de 8 lignes à la page entière (f. 2v). Elles empiètent souvent sur les marges ou l’entrecolonne.
    Il s’agit de neuf initiales ornées, de deux initiales à figures et d’une lettrine historiée.
    Ces initiales sont accompagnées par les premiers mots du texte, généralement en capitales rouges et bleues à filigranes de couleur alternée. Au début du Deutéronome, ces capitales sont en revanche rouges et vertes.
  • Grandes initiales introduisant les Prologues :
    Le début des trois prologues du Ms 12 (Pentateuque, Josué et Rois) est rehaussé par des initiales ornées, globalement de plus petite taille que les initiales marquant le début des différents livres bibliques, mais du même type. Leur hauteur varie de 7 à 9 lignes.
    Les premiers mots du texte sont tracés en capitales rouges ou de couleurs alternées.
  • Initiales introduisant les différents chapitres des livres bibliques :
    Des initiales rouges ou bleues, de taille médiane, marquent le début de chaque division du texte biblique à l’intérieur d’un livre. Elles occupent en général de 2 à 4 lignes (si hampe ou haste), plus pour certains « I », et comportent la plupart du temps des filigranes de couleur contrastée. Souvent, ces initiales mordent légèrement (à raison d’environ un demi-centimètre) sur la marge de gouttière ou l’entrecolonne.
  • Fin du texte du premier volume :
    Le texte s’achève au f. 299 : la colonne gauche de ce feuillet est partiellement occupée par la fin du texte de IV Rois.
Changements opérés dès le début du Livre des Rois (f. 199v) :
  • On ne trouve plus d’indications relatives aux lectures.
  • Apparition occasionnelle de bouts-de-lignes pour combler les espaces vides (f. 214, f. 229v ).
  • Au-dessus et au-dessous des chiffres relatifs aux sommaires, traits de couleur rouge ou bleue pour mettre ces chiffres romains en valeur.
  • Les petites initiales introduisant les sommaires sont filigranées.
  • Explicit des capitula et incipit du premier livre des Rois en majuscules (f. 201v : la majuscule marquant le début de l’incipit du premier livre des Rois est tracée en rose).
  • Les initiales marquant le début de chacune des divisions des Livres des Rois sont généralement agrémentées de filigranes bicolores (parfois tricolores : le plus souvent, bleus, verts, rouges) et certaines d’entre elles sont peintes (f. 206v (F), f. 278 (P), f. 281v (F), f. 282 (Q avec or), f. 297v (D)). Ces initiales sont soit disposées le long de la colonne de texte, soit elles empiètent sur l’entrecolonne. Cet empiétement n’est pas aussi systématique que dans le reste du Ms 12.
  • Les grandes initiales marquant le début de la préface et des quatre Livres des Rois sont toutes exécutées par la main B.
Ces multiples changements attestent l’intervention dans ces livres d’un nouveau rubricateur et d’une équipe distincte de celle opérant précédemment. Se pourrait-il que l’enlumineur B ait œuvré après l’enlumineur A, exécutant les deux grandes initiales manquantes (f. 42v et f. 158v) dans la première partie du Ms 12 dont le décor était resté inachevé, et ait ensuite exclusivement porté son action sur la seconde partie de ce volume ? Le fait que ses initiales occupant la première partie du Ms 12 soient moins heureusement insérées dans l’espace disponible que les autres pourrait encourager cette interprétation.
Type d'écritures et copistes:
  • Type d’écriture : Écriture protogothique.
  • Copistes : Le texte a été calligraphié par deux copistes.
    • Le premier copiste (I) œuvre du f. 1 au f. 28.
    • Le second copiste (II) intervient du f. 28v à la fin du texte (fol. 299).
Décoration: Manuscrit enluminé, dont l’apparat décoratif comprend diverses composantes :
  • Intitulés (livres, prologues et sommaires) :
    Les intitulés sont assez souvent tracés en caractères normalisés de couleur rouge (avec parfois des initiales de couleur bleue au début de chaque incipit ou explicit).
    Ils se présentent aussi sous la forme de grands caractères rouges, bleus ou verts, parés de filigranes : f. 1 (incipit prologue du Pentateuque), f. 42v (incipit Exode), f. 73 (incipit Lévitique), f. 127v (explicit Nombres), f. 201v (explicit sommaires des Rois, incipit I Rois), f. 228v (incipit II Rois), f. 276v (incipit IV Rois)). Ces grands caractères sont généralement supérieurs en taille à ceux, bicolores, des mots qu’introduisent les grandes initiales enluminées des prologues et des livres bibliques.
  • Les initiales des prologues et des livres bibliques :
    • Initiales des prologues :
      Le début des prologues (préfaces) du Ms 12 est rehaussé par 3 initiales ornées (f. 1 (D), f. 157v (T) et f. 199v (V)). Elles sont en général de taille légèrement plus réduite que les initiales marquant le début des différents livres bibliques.
      Les premiers mots du texte sont tracés en capitales rouges (f. 1 (préface du Pentateuque)) ou de couleurs alternées (f. 157v (prologue du livre de Josué), f. 199v (préface du livre des Rois)).
    • Initiales des livres bibliques :
      Le début des livres bibliques est marqué par des initiales de grande taille. On compte 9 initiales ornées (f. 42v (H), f. 73 (V), f. 94v (L), f. 129 (H), f. 158v (E), f. 177v (P), f. 201v (F), f. 251 (E), f. 276v (P)), 2 initiales à figures (f. 196v (I) et f. 228v (F)) et 1 lettrine historiée (f. 2v (I)).
      • Les initiales à figures : Ruth debout, en position frontale, présente sa main droite paume ouverte et tient une tige végétale dans sa dextre voilée (f. 196v). Le roi David, assis sur un siège faldistoire, est en train d’accorder sa harpe-psaltérion (f. 228v).
      • La lettrine de la Genèse (f. 2v) illustre la création du monde et l’histoire d’Adam et Ève. Elle montre deux anges en adoration (devant la figure divine du premier médaillon), la colombe sur l’abîme, la création (séparation) de l'ombre et de la lumière, la naissance d’Ève, l’admonition divine à Adam et Ève, le péché originel, le jugement divin et l’expulsion d’Adam et Ève.
      Notons que l’initiale de l’Exode (f. 42v) empiète sur le début de certains capitula.
      Ces grandes initiales sont presque toujours accompagnées par les premiers mots du texte en capitales rouges et bleues à filigranes de couleur alternée. Les premiers mots du Deutéronome (f. 129) sont toutefois tracés en capitales rouges et vertes.
    • Enlumineurs des préfaces et des livres bibliques :
      Les grandes initiales des préfaces et des différents livres bibliques furent exécutées par deux enlumineurs.
      • Les initiales suivantes du Ms 12 sont l’œuvre de la main A : f. 1 (Prologue Pentateuque : D orné), f. 2v (Genèse : I historié), f. 73 (Lévitique : V orné), f. 94v (Nombres : L orné), f. 129 (Deutéronome : H orné), f. 157v (Préface Josué : T orné), f. 177v (Juges : P orné), f. 196v (Ruth : I à figure (Ruth)). Cet enlumineur peut être mis en relation avec la production des chartreux, notamment avec la bible cartusienne en quatre volumes (Grenoble, B.M., Mss 14, 13, 25, 15 rés. (19-21 et 25)) et avec la « Grosse Bible de Chartreuse » (Grenoble, B.M., Mss 2, 5, 4, 6 rés. (12 à 15)).
      • La main B a exécuté les initiales suivantes du Ms 12 : f. 42v (Exode: H orné monochrome), f. 158v (Josué : E orné), f. 199v (Préface Rois : V orné), f. 201v (I Rois : F orné), f. 228v (II Rois : P à figure (David)), f. 251 (III Rois : E orné), f. 276v (IV Rois : P orné). Cette main, qui réalisa une initiale monochrome et plusieurs initiales réservées se détachant sur des fonds multicolores, doit être rapprochée de la production cistercienne.
  • Petites initiales ornées marquant les divisions de chaque livre biblique :
    Des initiales rouges ou bleues, de grandeur moyenne, mettent en valeur les divisions du texte biblique à l’intérieur de chaque livre. Elles comportent très souvent des filigranes de couleur contrastée.
  • Tables des sommaires :
    Chaque sommaire est introduit par un petit chiffre romain rouge (des chiffres manquent parfois, au début de l’Exode par exemple), ainsi que par une initiale mineure alternativement de couleur rouge ou bleue, sans filigranes. Ces petites initiales colorées sont inférieures en taille aux majuscules formant les intitulés, ainsi que les premières lettres ou mots des livres bibliques.
    En principe, les chiffres romains, placés sur la gauche, précèdent directement les sommaires qu’ils introduisent. Au début du volume (table des sommaires de la Genèse, de I à VI (f. 2)) cependant, et à la fin de plusieurs tables des sommaires (Nombres (f. 94v), Deutéronome (f. 128v)...), les chiffres romains sont placés juste après les sommaires qu’ils introduisent.
Ajouts:
  • Colophon :
    Un colophon disposé à la fin du premier volume de la Bible de Valère (Ms 12, f. 299v) : « Innotescat presentibus et futuris quod Willenchus de Ventona decanus Sedunensis quando fecit festum Epiphanie circa annum Domini MCXCV emit bibliothecam scilicet istud volumen et alia duo volumina et dedit ea ecclesie Sedunensi. Dicat lector pater noster pro anima eius ».
  • Indications relatives aux lectures :
    Dans le premier volume, notes marginales relatives aux lectures liturgiques pour les huit premiers livres bibliques (Pentateuque, Josué, Juges et Ruth). Les livres suivants, ceux des Rois, ne comportent pas d’indications de lecture.
    Dimanches de fête : Septuagésime, dominica in LXXa (f. 2v) ; Sexagésime, dominica in LXa (f. 42v). Autres dimanches : VIIa dominica (f. 187), VIa dominica (f. 163v), Va dominica (f. 141), IIIa dominica (f. 78).
    Pour les dimanches et les dimanches de fête on a les lectures I à VIII, la dernière lecture (IX?) se terminant la plupart du temps au réfectoire.
    Pour les « feria » II à VI (du lundi au vendredi) et « sabbato » (samedi) on a les lectures I à III. Notons que plusieurs indications relatives aux lectures sont omises (entre f. 114 et f. 115v, f. 160, entre f. 161 et 161v ).
  • Indications pour les rubricateurs :
    Elles prennent la forme de numéros ou de petites lettres (lettres d’attente), de groupes de mots ou de phrases à l’encre noire tracés dans les marges. Les lettres d’attente des sommaires figurent à côté des numéros des sommaires. Parfois les phrases des incipit sont inscrites dans la marge de petit fond, le long de la pliure du bifeuillet (f. 42v) ou dans ses marges de gouttière (f. 201v).
  • Corrections :
    Des mots ou des séries de mots du texte biblique sont tracés, parfois à l’encre noire (par le copiste) et souvent à l’encre rouge (par le correcteur qui peut être également rubricateur) (Ms 12, f. 102v : les deux types de corrections).
  • Probationes pennae :
    Des essais de plume figurent au f. 108 (dans la marge de gouttière) et au f. 299 (dans la marge de tête). Au haut du feuillet 299, on aperçoit des lettres alphabétiques, presque au complet, ainsi que d’autres caractères.
  • Manicules :
    Des manicules ajoutées postérieurement mettent en évidence certains passages du texte biblique (f. 40, f. 109, f. 146v ).
Reliure:
  • Les plats de la reliure sont formés d’ais en bois, recouverts par un cuir foncé, avec adjonction pour renforcement d’une demi-reliure en cuir brun estampé au fer (motifs de rinceaux végétaux) qui couvre le dos de la reliure et empiète sur les ais supérieur et inférieur du manuscrit. Cette demi-reliure est déchirée sur le dos du volume, laissant apparaître les quatre nerfs doubles sur lesquels les cahiers sont cousus, des couches de parchemins découpés encollées au dos, ainsi que les tranchefiles de queue et de tête du manuscrit.
  • Des bouillons (boulons) et un ombilic, tous de forme circulaire et rivés par des clous, occupent le centre et jouxtent les quatre angles du plat supérieur. Une étiquette moderne en papier, très abîmée, disposée sur le cuir foncé au haut du plat supérieur de la reliure, mentionne les livres contenus dans le volume. L’angle droit au sommet du plat supérieur a été reprisé.
  • Le plat inférieur comporte également quatre boulons et un ombilic, tous de forme circulaire. On y trouve, en sus, des restes de fermoirs métalliques attenants au bord extérieur gauche de ce plat. Les boulons et l’ombilic servent à maintenir en place la reliure et la demi-reliure de ce volume, tout en protégeant les ais du manuscrit.
  • Un bifeuillet provenant de registres de chancellerie des années 1358-1361 est collé sur leurs contregardes (Leisibach), indiquant que le volume fut l’objet de travaux de restauration (au plus tôt en 1361) et qu’un changement de reliure prit place, vraisemblablement, au XVe siècle.
  • Outre sa cote actuelle (Ms 12), le premier volume de la Bible de Valère porte toujours sur sa demi-reliure, au centre de son dos, une ancienne cote (4), surmontée par un titre partiellement lacunaire (D Ieron Biblia … ). Les cotes et l’intitulé figurent sur des étiquettes en papier. La cote la plus récente est inscrite sur une étiquette dentelée à encadrement bleu, apposée directement – la demi-reliure a disparu en cet endroit – sur le dos du volume.
Sommaire:
Premier volume d’une bible en trois volumes, contenant le Pentateuque, Josué, Juges, Ruth, les quatre Livres des Rois ; préfaces de saint Jérôme.
  • Les deux premiers feuillets, qui ne nous sont pas parvenus, contenaient très probablement l’Épître 53 (52) de Jérôme à Paulin : « Frater Ambrosius » (St. 284 ; De Bruyne I, 1).
  • F. 1 : Début du texte biblique conservé : « cum Moysi » : fin de l’intitulé du prologue de Jérôme sur le Pentateuque.
  • F. 1 : Préface de Jérôme sur le Pentateuque : « Desiderii mei desideratas accepi epistolas » (St. 285 ; De Bruyne I, 2), introduit par une initiale ornée D (main A).
  • F. 2 : Capitula de la Genèse : De die primo in quo facta est lux … (90) (Vetus latina, série Λ).
  • F. 2v : Début du livre de la Genèse, introduit par une lettrine « I » historiée (main A).
  • F. 42v : Capitula de l’Exode (tronqués) : De infantibus … (8).
  • F. 42v : Début du livre de l’Exode, introduit par une initiale H monochrome (main B).
  • F. 72v-73 : Capitula du Lévitique : Locutus est dominus … (83).
  • F. 73 : Début du livre du Lévitique, initiale ornée V (main A).
  • F. 94-94v : Capitula des Nombres : Numeratio duodecim tribuum facta a Moyse (71).
  • F. 94v : Début du livre des Nombres, initiale ornée L (main A).
  • F. 127v-128v : Capitula du Deutéronome : De verbis que locutus est Moyses … (150).
  • F. 129 : Début du livre du Deutéronome, initiale H ornée (main A).
  • F. 157v : Préface de Jérôme sur les livres de Josué, des Juges et de Ruth : « Tandie finito pentatheuco » (St. 311 ; De Bruyne II, 1), initiale T ornée (main A).
  • F. 158 : Capitula de Josué : Promittit deus Josue … (33).
  • F. 158v : Début du livre de Josué, initiale ornée E (main B).
  • F. 177 : Capitula des Juges : Iudas eligitur dux belli … (18).
  • F. 177v : Début du livre des Juges, initiale ornée P (main A).
  • F. 196v : Début du livre de Ruth, initiale à figure I (main A).
  • F. 199v : Préface de Jérôme sur le livre des Rois : « Viginti et duas » (St. 323 ; De Bruyne III, 1), initiale ornée V (main B).
  • F. 201-201v : Capitula du premier livre des Rois : De Helcana et uxoribus … (27).
  • F. 201v : Début du premier livre des Rois (I Sam), initiale ornée F (main B).
  • F. 228-228v : Capitula du deuxième livre des Rois : De planctu David super Saul … (18).
  • F. 228v : Début du deuxième livre des Rois (II Sam), initiale à figure F (David musicien, main B).
  • F. 250-251 : Capitula du troisième livre des Rois (I Rois) : De senectute David et Abisag sumanite … (59).
  • F. 251 : Début du troisième livre des Rois, initiale ornée E (main B).
  • F. 276v : Début du quatrième livre des Rois (II Rois), initiale ornée P (main B).
  • F. 299 (feuillet coupé au bas) : Dans la colonne de gauche se trouve la fin du texte de IV Rois et tout au bas de cette colonne sont tracées deux diagonales à la plume. Dans la colonne de droite sont tracés de grands traits de plume formant une superposition de deux étoiles à huit branches. Au haut du feuillet, essais de plume.
  • F. 299v : Colophon disposé en haut dans la colonne de gauche, et occupant quatre lignes.
  • Étude succincte de la Bible de Valère (Mss 12 à 14):
    Conservée aux Archives du Chapitre de Sion, la Bible de Valère, est formée de trois volumes (Sion, ACS, Mss 12 à 14), dont les dimensions avoisinent 50 sur 35 centimètres. Elle compte quelque 900 feuillets de parchemin.
    Les Mss 12 et 13 sont réglés à la mine de plomb, de même qu’une bonne partie du troisième volume de cette bible. Dès le feuillet 234 du Ms 14, peu après le début des Évangiles, on passe à une réglure à l’encre. Ce changement de réglure signifie que les quatre Évangiles n’étaient pas prévus dans le projet initial et ont été rajoutés à la fin du Nouveau Testament, une fois la copie originelle de la Bible de Valère achevée. Pour ce faire, on utilisa l’espace disponible sur le dernier cahier réglé à la mine de plomb et on écrivit la suite du texte évangélique sur d’autres cahiers réglés à l’encre.
    Les deux feuillets liminaires du premier volume de la Bible de Valère manquent.
    La plupart des cahiers de cette bible sont organisés en quaternions. Pour disposer les cahiers dans le bon ordre à l’intérieur du volume, des signatures ou des réclames ont été apposées sur le verso de leur dernier feuillet. Les cahiers du Ms 12 comportent des réclames (reprenant les premiers mots du cahier suivant), que précède parfois une signature (numéro du cahier en chiffres romains). Jusqu’au folio 72v, le Ms 13 possède des signatures ; des réclames viennent ensuite les remplacer. Le Ms 14 renferme des signatures jusqu’au folio 234v ; puis leur succèdent des réclames. On reconnaît ainsi l’intervention de plusieurs copistes, dont les habitudes relatives au marquage des cahiers diffèrent.
    Selon Josef Leisibach, auteur d’une thèse sur les manuscrits du Chapitre de Sion, cinq à six copistes ont calligraphié le texte de la Bible de Valère. Deux d’entre eux interviennent dans le premier volume et les autres dans les Mss 13 et 14.
    L’ordre des livres bibliques de ce manuscrit – dans lequel le Psautier est omis – présente quelques particularités. Le Ms 12 contient le Pentateuque (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome), Josué, les Juges, Ruth et les quatre Livres des Rois. Le Ms 13 renferme les Chroniques, les Livres sapientiaux (Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des Cantiques, Sagesse, Ecclésiastique), Job, Tobie, Judith, Esther, Esdras, les Maccabées et Ezéchiel. Le Ms 14 réunit Daniel, les Petits Prophètes, Isaïe, Jérémie, les Épîtres de Paul, l’Apocalypse, les Actes des Apôtres, les Épîtres catholiques et les Évangiles. La séparation des Grands Prophètes en deux « blocs » et la disposition des livres d’Ezéchiel et de Daniel devant les Petits Prophètes est une caractéristique commune à certaines bibles romanes de la Grande Chartreuse, monastère situé à proximité de Grenoble. De plus, l’ordre des livres vétérotestamentaires de la Bible de Valère est identique à celui de deux exemplaires à peu près contemporains, une bible cartusienne en quatre volumes (Grenoble, B.M., Mss 14, 13, 25, 15 rés. (19-21 et 25)) et la Bible de Talloires (Berlin, Staatsbibl., Ms Phillipps 1644), abbaye bénédictine sise sur les rives du lac d’Annecy.
    La grande majorité des prologues insérés dans la Bible de Valère sont empruntés à saint Jérôme.
    Des tables des sommaires introduisent plusieurs de ses livres bibliques. Nombreuses dans le premier volume de la bible sédunoise, elles précèdent la Genèse, l’Exode, les Nombres, le Lévitique, le Deutéronome, Josué, les Juges et les trois premiers livres des Rois. Notons que le Ms 12 ne présente pas de tables des sommaires pour le quatrième livre des Rois et celui de Ruth. Par ailleurs, les tables des sommaires sont omises dans le deuxième volume, et, réapparaissant dans le troisième, elles y annoncent les Épîtres de Paul, ainsi que chacun des Évangiles.
    Il existe certaines différences dans la mise en page des trois volumes de la Bible de Valère.
    Dans le Ms 12, les sommaires sont généralement annoncés par des chiffres romains rouges (pas pour l’Exode) et agrémentés de petites initiales de couleur alternativement rouge et bleue. Quant aux intitulés du Ms 12, ils sont rédigés assez souvent en écriture normalisée à l’encre rouge. Toutefois, ils peuvent aussi prendre l’apparence de grands caractères formant des blocs de lettres rouges, bleues ou rarement vertes, en partie ornées de filigranes. Ces majuscules sont supérieures en taille à celles, également bleues ou rouges, composant les premiers mots des textes associés aux grandes initiales enluminées des préfaces ou des livres bibliques.
    Les Mss 13 et 14 sont réalisés sur le modèle du premier volume, mais paraissent un peu plus uniformes. Leurs intitulés sont tous tracés à l’encre rouge, en écriture normalisée. Les premiers mots des livres bibliques ne sont pas toujours mis en exergue. Lorsque c’est le cas – le Ms 14 met seulement en évidence le début des Évangiles –, les majuscules formant la transition entre les grandes initiales et le texte à l’encre noire sont alternativement tracées en rouge et en bleu, avec des filigranes de couleur contrastée. Par contre, les sommaires sont moins rehaussés de couleurs dans le Ms 14 que dans le premier volume.
    En conclusion, le Ms 12, plus coloré que les deux autres volumes, est organisé d’une manière un peu moins systématique que ces derniers.
    Par ailleurs, les Mss 12 et 14 comportent des annotations – lacunaires – du XIIe siècle relatives aux lectures bibliques effectuées par le chapitre sédunois ou un possesseur antérieur. Elles manquent en revanche dans le Ms 13.
    La Bible de Valère a été décorée par au moins quatre mains différentes. Deux – les mains A et B – œuvrent dans le premier volume et les deux autres – les mains C et D –, dans les Mss 13 et 14. Outre les tables des canons (Ms 14, f. 237 à 239), la bible compte des initiales ornées, quatre initiales à figures dépeignant Ruth (Ms 12, f. 196v), David (Ms 12, f. 228v), Salomon (Ms 13, f. 53) et Isaïe (Ms 14, f. 49), et une lettrine historiée introduisant la Genèse (Ms 12, f. 2v).
    La main D – probablement un copiste ou un rubricateur – réalisa les tables des canons et des initiales ornées. Hormis ce type d’initiales, la main A exécuta la lettrine génésiaque et l’initiale de Ruth, la main B, celle de II Samuel (David musicien) et la main C, celles des Proverbes (Salomon trônant) et d’Isaïe (le prophète Isaïe écrivant).
    Le décor de la Bible de Valère, de belle facture, est donc relativement sobre.
    Les couvrures des différents volumes de cette bible ne sont pas uniformes, bien qu’elles datent sans doute toutes trois du XVe siècle (les feuillets, provenant de registres de chancellerie, collés aux contreplats des trois volumes de la Bible de Valère remontent aux années 1358-1361). Le Ms 12 possède le type de reliure le plus ancien en cuir foncé non pressé. Un autre type en cuir brun estampé recouvre les Mss 13 et 14. Selon J. Leisibach, ces trois reliures médiévales furent restaurées aux XVIe et XVIIe siècles.
    Quant au nombre de nervures visibles au dos des reliures, le Ms 12 en comporte quatre et les Mss 13 et 14 en possèdent cinq.
    D’après deux colophons identiques inscrits à la fin de son premier (Ms 12, f. 299v) et de son troisième volume (Ms 14, f. 314v), la Bible de Valère fut offerte au Chapitre de Sion vers 1195 par Willencus de Venthône, à l’occasion de la fête de l’Épiphanie. La date mentionnée – 1195 – doit être remise en question, car Willencus n’apparaît pour la première fois dans les documents officiels qu’en 1203, date à laquelle il officie comme simple chanoine. Cette même année, il est nommé sacristain du Chapitre de Sion, charge qu’il exercera jusqu’en 1208. Puis, il sera élu doyen de l’église inférieure du chapitre sédunois, Notre-Dame du Glarier (1208-1232), et le demeurera jusqu’à sa mort advenue le 4 octobre 1232.
    En effet, dès la seconde moitié du XIIe siècle, le Chapitre de Sion est au service de deux églises, qui deviendront des cathédrales dans le courant du XIIIe siècle. Notre-Dame de Valère, l’édifice le plus ancien, surplombe la ville et Notre-Dame du Glarier est érigée en plaine. Un document archivistique copié en 1212, mais reprenant une convention de 1168, atteste qu’à cette date l’archevêque Pierre II de Tarentaise accepta que quatre chanoines soient détachés de leur obligation de résidence à Valère pour desservir l’église inférieure. À partir de ce moment, la nécessité de disposer d’au moins deux bibles se fit sentir pour le chapitre sédunois, qui semble n’en avoir possédé longtemps qu’un seul exemplaire. Cette bible atlante d’origine romaine (Sion, ACS, Ms 15) lui fut offerte au XIe siècle par l’évêque du diocèse, Ermenfroid (1055-1087/1092), et sera ultérieurement en usage dans l’église inférieure.
    C’est en sa qualité de sacristain que Willencus était le plus à même de commander ou d’acquérir une nouvelle bible pour sa communauté. Ainsi, l’exemplaire de Valère pourrait n’être parvenu au Chapitre de Sion qu’entre 1203 et 1208, période durant laquelle Willencus exerça cette fonction. Les deux colophons mentionnés plus haut, émanant de la chancellerie capitulaire de Sion et rédigés par des mains différentes, ont été ajoutés à la bible sédunoise au XIIIe siècle, après le décès de Willencus de Venthône.
    Dans un homiliaire en deux volumes conservé aux Archives du Chapitre de Sion (ACS, Mss 10-11), on retrouve la main d’un copiste ayant travaillé à la fin du troisième volume de la Bible de Valère, ainsi que celle d’un enlumineur (la main D) actif dans les Mss 13 et 14. On note l’absence de lettres de transition entre les grandes initiales ornées et le texte normalisé au début des livres de l’homiliaire, ce qui le rapproche également des deux derniers volumes de la Bible de Valère. Les deux manuscrits – la bible et l’homiliaire sédunois – sont mentionnés dans l’inventaire dressé en 1364 par le sacristain du Chapitre, Ardicinus de Brusatis, parmi les livres appartenant à l’église supérieure de Valère.
    Comme l’ont constaté R. Étaix et J. Leisibach, cet homiliaire, qui renferme les fêtes des saints – le sanctoral (Ms 10) – et celles de la vie du Christ – le temporal (Ms 11) –, constitue le seul homiliaire de rite cartusien hors chartreuse. Il s’apparente surtout au premier homiliaire de la Grande Chartreuse (Grenoble, B.M., Mss 32-33 rés. (101-102)) remontant au début du XIIe siècle. Son contenu a été adapté par la suite à la liturgie sédunoise par des membres de la chancellerie locale, institution qui était sous le contrôle du Chapitre de Sion. Ces professionnels sont responsables des adjonctions des XIIIe et XVe siècles figurant dans cet homiliaire.
    À son tour, la Bible de Valère peut être rapprochée de la production livresque des chartreux. En effet, l’ordre particulier de ses livres vétérotestamentaires est identique – nous l’avons vu – à celui d’une bible cartusienne en quatre volumes (Grenoble, B.M., Mss 14, 13, 25, 15 rés. (19-21 et 25)), d’origine inconnue, réalisée pour une des filles de la Grande Chartreuse. De plus, l’iconographie de son initiale de la Genèse ressemble fort à celle de la lettrine introduisant le premier livre de cette bible cartusienne (Ms 14 rés., fol. 3v). On peut en déduire que les deux bibles ont utilisé le même modèle ou un modèle proche pour leur « I » génésiaque.
    La Bible et l’Homiliaire de Valère, acquis probablement par Willencus de Venthône, furent donc exécutés dans le même monastère, soit par des chartreux, soit d’après un modèle cartusien. La réalisation de l’homiliaire est légèrement postérieure à celle de la bible. Pour l’heure, l’origine exacte de ces manuscrits demeure inconnue. Toutefois, une hypothèse peut être formulée : il existait des communautés de prière entre les chanoines augustiniens de Saint-Maurice d’Agaune, d’Abondance et de Sixt, les cisterciens d’Aulps et les chartreux du Reposoir. Comme des rapports étroits sont attestés entre le Chapitre de Sion et Saint-Maurice d’Agaune et que des liens perduraient entre le diocèse de Sion et Aulps après la mort de Guérin – fondateur de cette abbaye cistercienne devenu évêque de Sion (1138-vers 1150) –, on peut imaginer que la chartreuse du Reposoir ait pu prêter une bible et un homiliaire à l’une de ces maisons, qui aurait copié ces manuscrits, à moins que ce travail n’ait été exécuté directement par les chartreux, soit dans le monastère haut-savoyard, soit dans une maison plus importante (la Grande-Chartreuse ou Portes). Malheureusement, le nombre infime d’ouvrages savoyards conservés et l’incendie qui anéantit la quasi-totalité de la bibliothèque de Saint-Maurice d’Agaune en 1693 nous privent de précieux éléments de comparaison.
Origine du manuscrit: La Bible de Valère fut copiée à la fin du XIIe siècle, dans le même lieu qu’un homiliaire sédunois (Sion, ACS, Mss 10-11). On retrouve en effet dans ce livre liturgique les mains d’un copiste du Ms 14 et d’un enlumineur qui rehaussa les deux derniers volumes de cette bible (Sion, ACS, Mss 13 et 14). Des particularités relatives au contenu de l’homiliaire sédunois, ainsi que l’ordre des livres bibliques et le décor de la Bible de Valère laissent à penser que ces ouvrages furent réalisés soit par des chartreux, soit d’après des modèles cartusiens.
En ce qui concerne plus précisément le Ms 12, deux enlumineurs semblent s’être succédé dans l’exécution de ses grandes initiales : après l’intervention d’un miniaturiste dont les créations s’apparentent étroitement à celles des chartreux, un artiste œuvrant à la manière cistercienne aurait décoré les Livres des Rois et ajouté deux initiales ornées au décor inachevé de la première partie du volume. Il est donc possible que le Ms 12 ait été calligraphié et partiellement illustré dans un monastère cartusien (Le Reposoir?, Portes?...), avant d’être transmis à un autre monastère, probablement d’obédience cistercienne (Aulps?), où l’on paracheva sa décoration.
S’ils ont été copiés et enluminés par d’autres mains, les deux derniers volumes de la bible sédunoise (Mss 13 et 14) forment un tout harmonieux avec le Ms 12.
Provenance du manuscrit: D'après le colophon figurant à la fin du Ms 12, les trois volumes de la Bible de Valère furent donnés au Chapitre de Sion vers 1195 par Willencus de Venthône, doyen de l’église inférieure du chapitre, Notre-Dame du Glarier (1208-1232), à l’occasion de la fête de l’Épiphanie. Dès lors, cette bible resta en possession de la communauté canoniale sédunoise. Dans l’inventaire dressé en 1364 par Ardicinus de Brusatis, sacristain du Chapitre de Sion, la Bible de Valère figure au nombre des manuscrits conservés dans l’église supérieure de Valère (In ecclesia superiori), sous le numéro 23 (Item Biblioteca in tribus voluminibus) (Leisibach, Schreibstätten, p. 95). Cette bible peut être rapprochée d’un homiliaire en deux volumes (Sion, ACS, Mss 10-11), également conservé à Valère sous les numéros 24 (Item liber Exposicionis de vita sanctorum) et 25 (Item liber Expositionum Ewangeliorum una cum precedenti)). Ces deux ouvrages, exécutés dans le même centre et parvenus à Sion à la fin du XIIe siècle ou dans les premières années du XIIIe siècle, furent conservés dans des coffres placés devant les autels de l’église de Valère ou avec les archives capitulaires, rassemblées dans un local attenant à cette église probablement dès la fin du XIVe siècle. En 1958, tous ces documents et manuscrits furent déplacés dans un immeuble appartenant au Chapitre de Sion, à proximité de la cathédrale. Dès 1992, ils ont été transférés dans le bâtiment des Archives municipales et du Musée de l’Évêché jouxtant le palais épiscopal.
Bibliographie:
    Bible de Valère
    • J. Leisibach, Schreibstätten der Diözese Sitten (Scriptoria Medii Aevi Helvetica XIII), Genève, 1973, p. 24-31;
    • J. Leisibach et A. Jörger, Livres sédunois du Moyen Âge, Enluminures et miniatures – Trésors de la bibliothèque du Chapitre de Sion (Sedunum Nostrum, annuaire n° 10), Sion, 1985, p. 50-57 et p. 95;
    • G. Mariéthoz, « La Bible de Willenchus de Venthône, propriété du chapitre de Sion », Cahiers archéologiques, 44, 1996, p. 85-104;
    • G. Mariéthoz, La Bible de Valère, Sedunum Nostrum, n.s., annuaire n° 89, Sion, déc. 2014;
    • G. Mariéthoz, « En marge de la production manuscrite des chartreux : La Bible et l’Homiliaire de Valère », Bulletin du CERCOR, n° 40, 2016, p. 147-175;
    • G. Mariéthoz, Le « I » du « In principio » introduisant la Genèse dans la Bible Ms 12-14 du Chapitre de Sion, mémoire de licence, 2 vol., Pully, 1993;
    • D. Mielle de Becdelièvre, Prêcher en silence – Enquête sur les manuscrits du XIIe siècle provenant de la Grande Chartreuse (C.E.R.C.O.R. – travaux et recherches XVII), Saint-Étienne, 2004, p. 221-222 et pl. CXII B et C.
    Homiliaire de Valère
    • B. De Gaiffier, « L’Homiliaire-Légendier de Valère », Analecta Bollandiana, 73, 1955, p. 119-139;
    • J. Leisibach, « Zur Leseordnung des Sittener Breviers im Mittelalter », Revue d'histoire ecclésiastique suisse, Fribourg, 72, 1978, p. 205-332;
    • J. Leisibach, Die liturgischen Handschriften des Kapitelsarchivs im Sitten (Iter Helveticum, 3e partie) (Spicilegii friburgensis, subsidia 17), Fribourg, 1979, p. 99-105;
    • J. Leisibach, Schreibstätten der Diözese Sitten (Scriptoria Medii Aevi Helvetica XIII), Genève, 1973, p. 26-31.