Cologny, Fondation Martin Bodmer, L-5.2
Titre du manuscrit: : Chant II du poème Les Visions
Période: 1824-1826
Support: papier
Volume:
30 p.
Format: 189 x 119 mm
Sommaire:
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A la manière de Goethe avec son Faust, (1790-1869) ambitionnait de composer une vaste fresque exposant sa conception du monde : Les Visions.
Ce projet, initié dans la seconde moitié des années 1820, fut toutefois rapidement abandonné, Lamartine ne parvenant pas à réunir ses compositions éparses en un tout cohérent.
Pour autant, il ne renonça pas à la publication de ces vers, mais il s’écoula près de trente ans avant qu’ils voient enfin le jour : occasion pour Lamartine de les relire, de les corriger… et de les amputer.
Constituant à l’origine quinze feuillets d’un carnet de notes, ce manuscrit du chant II des Visions fut sans doute été écrit vers 1824-1826.
Si d’autres fragments du poème ont été publiés, au fil des années, dans Jocelyn (1836) et La Chute d’un Ange (1838), ce chant demeura lui inédit durant de longues années. -
Ce n’est qu’en 1851 que le poème corrigé vit le jour au sein du recueil Les nouvelles Confidences.
Corrigé, mais aussi amputé : la version imprimée s’achevait sur trois lignes pointillées, une technique éditoriale déjà employée par Lamartine dans le passé pour symboliser des passages supprimés ou soidisant perdus.
Faute d’avoir eu accès au présent manuscrit, l’éditeur critique des Visions se demanda, en 1937, si le poème était réellement demeuré inachevé, sans pouvoir répondre à cette question et en avouant : « Du manuscrit de ce deuxième Chant, nous ne savons rien, absolument rien »
Il ne semble pas que la conclusion supprimée du poème, dix vers au total, ait depuis été publiée : [f. 15v ]Le long des bords Penchants de cette Eau transparente
Que des brises du soir ridoit l’haleine errante
Un sentier naturel égarant ses détours
Des anses de ce lac suivoit les doux contours ;
Quelques Chênes épars de distance en distance
De leurs larges [barré : rameaux] y jettoient l’ombre immense ;
Ou des flancs des rochers penchant leurs verts rameaux
Livroient leur feuille humide à l’écume des eaux,
Les pas en s’enfonçant sous leur mobile voute
Remontoient descendoient avec l’étroite route.
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Cet autographe fait preuve d'assez
nombreuses corrections et ratures, manifestement écrites à des époques et avec des plumes différentes.
Ce travail de reprise pouvait aussi bien se manifester par la réécriture d’un vers entier ou par le remplacement d’un simple adjectif : par exemple, « L’horizon n’avoit plus que les couleurs du deuil » se transforma en « L’horizon n’étoit plus que solitude et deuil » [f. 3v ].
Plus loin, voulant figurer Eloïm en proie au doute, Lamartine employa tour à tour quatre adjectifs, barrés les uns après les autres, pour s’arrêter finalement sur « interdit ».
Le feuillet 9, quant à lui, montre le polissage d’un portrait de prophète, dont la description a été beaucoup retravaillée, avec ratures et ajouts interlinéaires.
Bibliographie:
- Alphonse de Lamartine, Les nouvelles Confidences, Paris, Michel Lévy, 1851, pp. 270-286.
- Henri Guillemin, Les Visions, poème inachevé de Lamartine: édition critique avec une introduction et des notices, Paris, Société d'édition "Les Belles Lettres", 1936.