Genève, Bibliothèque de Genève, Ms heb. 3
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Dr. Justine Isserles, chercheure associée, Ecole Pratique des Hautes Etudes-Saprat (Paris), 2018.

Titre du manuscrit: Bible hébraïque : Pentateuque et Livre d’Esther
Origine: France du Nord
Période: Milieu du XIIIe siècle
Support: Vélin de moyenne qualité
Volume: I+131+I
Format: 215 x 145mm
Numérotation des pages: Deux foliotations en chiffres arabes au crayon gris allant de droite à gauche sur le coin gauche des folios recto et une autre par dizaines de gauche à droite sur le coin droit des folios verso.
Composition des cahiers: 18 cahiers. Règle de Grégory respectée, sauf pour le premier cahier, qui ne contient que 5 folios au lieu de 8 (pour composer un quaternion) et se termine au folio 5v sur le côté fleur en faisant face au premier folio du cahier suivant qui est un côté chair. Il manque deux bifolios et un folio pour compléter ce cahier I (voir ci-dessous sous état et sous origine). Suivant la foliotation au crayon il y a 16 quaternions : I (1r-5v, dont 2 bifolios et un folio manquent) ; II-XVI (6r-125v) ; 1 bifolio : XVII (126r-127v) a été relié sens dessus dessous et à l’envers; 1 binion : XVIII (128r-131v). Pas de réclames dans ce manuscrit.
Etat: Manuscrit lacunaire au début et à la fin du volume dans un très mauvais état de conservation, particulièrement le premier cahier (ff. 1r-5v). Pages coupées (ex. ff. 77r/v, 78r/v, 79r/v, 92r/v), déchirées dû à la sècheresse du vélin (ex. ff. 31r/v, 50r/v, 53r/v, 57r/v, 58r/v, 77r/v, 78r/v, 83r/v, 84r/v, 85r/v, 90r/v, 110r/v, 120r/v, 131r/v) et tachées (ex. ff. 1r, 6v, 45v, 46r, 62v-63r, 69r). Trous naturels (non cousus : ff. 27r/v, 35r/v, 43r/v, 109r/v et cousus : f.101r/v, et cousus mais coutures disparues : f. 128r/v), plis (ex. ff. 46r, 116r/v -117r/v), mot découpé au folio 62r/v.
Présence d’un lambeau de folio détaché du volume d’une longueur de 135 par 1-30 mm de largeur, qui faisait partie d’un folio qui aurait dû se placer entre les folios 2v et 3r.
Restauration ancienne : f. 22r, moitié de page déchirée dans un sens arrondi, où un scribe postérieur à la main I a comblé le texte manquant dans une écriture carrée similaire.
Restauration moderne: ff. 2r/v, 3r/v, 22r/v, 29v, 50r, 90v, 118r/v, 120r/v).
Mise en page: Réglure à la pointe sèche folio par folio, sauf pour le cahier I qui a été repassée à la mine de plomb, voir f. 3r. Piqûres externes visibles, pas de piqûres internes. 1+1 colonnes et 31 lignes tracées pour 30 lignes écrites. Mains I et II : Elongation et fin des mots parfois terminé au-delà de la colonne de justification. Texte en pleine page accompagné d’alinéas rentrants et sortants.
Type d'écritures et copistes:
  • Ecriture carrée de la France du Nord de moyen module, par deux mains différentes (voir ci-dessous), mais dont l’écriture se ressemble. Certaines lettres ‘pé’ (פ) (ex : ff. 46r, 62r, 72r, 125v) sont lefufot (לפופות), c’est-à-dire qu’elles contiennent un trait de plume en colimaçon au centre de la lettre. Une lettre de grand module au début du Livre d’Esther 1:6.
  • Vocalisation partielle palestinienne avec notes de cantillation : ff. 4v-5r, 8r/v, 10r/v, 12v-13v, 16r, 19r/v, 25v-26r, 27v-28r, 30v-31r, 74v-75v, 80v-125r et 126r-131v.
  • 2 mains principales :
    • Main I (ff. 1r-125v) : écriture carrée de la France du Nord de moyen module, dont les folios 80v à 125r ont reçu une vocalisation par une main postérieure (encre plus foncée). Présence de couronnes surmontant quelques lettres, appelées tagin : ה, צ ,פ ,ק , ש,ם .
    • Main II (ff. 126r-131v) : écriture carrée de la France du Nord de moyen module avec vocalisation et notes de cantillation (encre plus claire).
Ajouts: Ajouts postérieurs dans les marges latérales du texte par différentes mains :
  • écriture livresque de tout petit module à l’encre brun clair dans les marges latérales intérieures (ff. 2r, 117r).
  • mots oubliés ou corrections du texte, qui ont été insérés dans les marges latérales dans une écriture livresque de tout petit module à petit module à l’encre brune (ff. 7r, 12r, 46r, 51v, 54v, 75v, 88r, 95r, 118v).
  • mots oubliés dans le texte, qui ont été insérés dans les marges latérales dans une écriture carrée de moyen module à l’encre brun foncé (ff. 20v, 98v, 106v, 121v, 129v).
  • mots dans la marge latérale dans une écriture carrée et livresque de petit module à l’encre brun foncé à claire (f. 130r).
  • texte à écriture carrée de la France du nord de moyen module dans une encre brun clair, similaire au texte principal d’origine (Main I) (f. 22r).
  • texte dans la marge latérale extérieure dans une écriture carrée à l’encre brun foncé ou noire (f. 88r).
  • main postérieure d’un hébraïsant chrétien (Cette main serait antérieure à 1779 car Jean Senebier (1742-1809) mentionne dans la description brève de ce manuscrit dans son Catalogue raisonné, p. 21, que le manuscrit commence au chapitre 34 de la Genèse (le texte débute en réalité en Gn. 33: 8) dans une encre brun foncé, qui a inséré de nombreux éléments dans le manuscrit pour son usage personnel :
    • le nom des Livres du Pentateuque dans la marge de tête en latin (et en hébreu f. 66v); soit en toutes lettres (ff. 1r, 15v-16r, 44v-45r, 62v-63r, 66v, 97r), soit en abrégé dans la marge latérale extérieure (ff. 12v -13r/v).
    • les chapitres de certains Livres dans les marges latérales (ex : ff.1r, 4r/v, 12v, 13r, 15v, 16r, 23v, 44v, 66v) et la marge de tête au début du manuscrit (f. 1r).
    • mention à la fin de portions bibliques si elles sont ouvertes ou fermées, indiqué par les variantes פ ,פת ,פתו pour פתוחות (ouvertes) et ס,סת ,סתו pour סתומות (fermées) (ex : ff. 27v, 28r, 45r-45v).
    • mention à la fin des portions bibliques si elles auraient dû être ouvertes au lieu de fermées ou vice versa, indiqué par le mot טעות (traduit par ‘erreur’) (ex : ff. 53r, 70v, 72r/v, 76r).
    • mention en latin du ‘Chant de la Mer de Moïse’ (Ex. 15 :1-18) canticum Mosis (f. 23v).
    • réécriture du texte dans une encre brun foncé lorsque le texte est à peine visible (ex : ff. 3r, 103v).
f.1r : Fragmenta Pentateuchi à l’encre noire.
Reliure:
  • Reliure pleine cartonnée du XVIIIe siècle (Le Catalogue des mss de la Bibliothèque, juillet 1759, Arch. BPU Fe 1, p. 5 indique bien que les ais du volume étaient déjà en carton en 1759 : fragmenta Pentateuci 4° sur vélin relié en carton) de couleur grise au dos long, dépourvu de nervures. Le dos comporte 3 pièces de titre :
    • Étiquette jaunie collée sur la partie supérieure du dos écrit à l’encre brune : Fragment. PENTATEUCHI. 3
    • Etiquette jaunie au trois-quart du dos sur laquelle est écrite mh 3 à l’encre bleue et noire.
    • Etiquette jaunie dans la partie inférieure du dos, où on trouve les mots imprimés à l’encre noire : Bibliothèque de Genève- MSS. Inventaire 1898 et barrés d’une croix au crayon bleu.
  • Une page de garde et une contre-garde collée, tous deux en papier filigrané, se trouvent au début et à la fin du volume. Le filigrane a été coupé et la seule partie du motif encore visible est le haut d’une couronne stylisée, non identifiée et ne se trouve pas dans Briquet, Les filigranes.
  • Deux annotations modernes au crayon gris de deux mains différentes sur la contre-garde au début du volume, dont une est datée de 1935 par la main de Fernand Aubert, conservateur des manuscrits de 1909 à 1957. Ces annotations mentionnent le nombre de folios dans le manuscrit (130 et 131 folios).
  • Le bifolio XVII (126r-127v) a été relié sens dessus dessous et à l’envers. Cette erreur a été commise après la foliotation au crayon gris sur le coin gauche des folios recto, car les numéros des folios 126 et 127 sont à l’envers aussi.
  • Numérotation du volume à l’encre brune sur la contre-garde collée en papier non filigrané à la fin du volume : 3.
Sommaire:
  • ff. 1r-125r Pentateuque
    Livre de Genèse lacunaire qui commence au milieu de Gn. 33 :8 (pas au chapitre 34 comme indiqué par une main postérieure). Il manque les portions suivantes : Gn. 1 :1 à Gn. 33 :8, Gn. 36 :12-14, Gn. 36 : 34-42 Gn. 37: 14-15 et Gn. 41 : 28 à Gn. 42 :13. Puis Livres d’Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome.
  • f. 125v Prière du Shema Israël (שמע ישראל)
    : tirée des textes bibliques suivants : Dt. 6 : 4-9, Dt. 11 : 13-21 et Nb. 15 : 37-41.
  • ff. 126r-131v Livre d’Esther
    : lacunaire à la fin, se termine avec Es. 9 : 21. Il manque Es. 9 : 22 à Es. 10 : 3. (le bifolio, cahier XVII, ff. 126r-127v qui est relié sens dessus dessous et à l’envers, contient le début du texte du Livre d’Esther : Es. 1 : 1- Es. 3 : 6).
Origine du manuscrit: Les piqûres, qui sont uniquement externes dans ce manuscrit, attestent de l’ancienneté du codex dans la plupart des cas, bien qu’un cas précoce de piqûres externes et internes a été récemment découvert dans un manuscrit du Maḥzor Vitry, New York, Jewish Theological Seminary, MS 8092, daté de 1204 et produit en France du Nord. Selon Colette Sirat et Malachi Beit-Arié, les méthodes de piqûres dans les manuscrits hébreux datés se caractérisent par deux étapes en Ashkenaz (Région géo-culturelle qui englobe la France du Nord et le Saint Empire Romain germanique) et que le manuscrit 8092 appartiendrait à la période de transition. Cette hypothèse est expliquée par Colette Sirat de la manière suivante: « …La première méthode...est constituée de piqûres dans les marges extérieures seulement, réglure à la pointe sèche, diplôme par diplôme, et la seconde, où les piqûres dans les marges intérieures et extérieures, ainsi que la réglure à la mine de plomb, a dû intervenir en France vers 1250 ; sans doute 1233, dernier manuscrit réglé et piqué selon la première méthode et en 1297, premier préparé selon la seconde méthode ». Toutefois, le manuscrit 8092, qui est daté de 1204, emploie une méthode de réglure à la pointe sèche, diplôme par diplôme (sur le premier feuillet recto du diplôme fermé, car la trace des billons au revers de ce feuillet sert aussi de réglure au second folio de ce diplôme) et présente des piqûres non seulement dans les marges externes mais aussi internes. Malgré la date indicative du milieu du XIIIe siècle pour cette transition en Ashkenaz, cette technique de piqûres se trouve néanmoins à partir du XIIe siècle dans trois manuscrits hébreux copiés en Angleterre : MS Valmadonna 1 (daté 1189), MS Pembroke College 59 et partiellement MS Corpus Christi College 133, attestant que cette pratique aurait été développée en Angleterre plus tôt que sur le continent, suivant l’évolution dans les techniques de réglure des manuscrits latins anglais. Cependant, il n’est pas exclu que les piqûres dans les marges extérieures et intérieures aient été pratiquées dans les manuscrits hébreux aussi en France du Nord au XIIe siècle, malgré aucune trace de ce genre de piqûres conservée dans les manuscrits hébreux à cette époque (au contraire des manuscrits latins français du XIIe qui comportent également cette technique de piqûre). Néanmoins, la date explicite de 1204, située dans la marge d’un folio du manuscrit 8092, amène une preuve supplémentaire de la présence des piqûres internes et externes dans les manuscrits hébreux ashkénazes avant le milieu du XIIIe siècle.
Présence d’un lambeau de folio provenant d’un des folios perdus, dont il ne reste qu’un talon. Grâce à son contenu nous savons que ce fragment était placé entre les folios 2v et 3r et donc faisait partie du cahier I. Au folio 2v, le texte se termine au milieu de Gn. 36 :12 puis recommence au folio 3r en fin Gn. 37 :15.
Le fragment de folio contient le texte suivant :
  • Côté avec le trou à droite : Gn. 36 : 15-33
  • Côté avec le trou à gauche : Gn. 36 : 43-Gn. 37 : 13
Par conséquent, il manque Gn. 36 : 12-14, Gn. 36 : 34-42 et Gn. 37: 14-15. Vu la quantité de texte lacunaire et la taille de l’écriture, il est fort possible qu’il manque deux folios entre les folios 2v et 3r et non pas seulement un folio, dont il ne reste qu’un lambeau. Cependant, dans la description brève de ce manuscrit dans son Catalogue raisonné (p. 21), Jean Senebier mentionne que celui-ci commence au chapitre 34 de la Genèse quand le texte débute en réalité au chapitre 33 : 8. La présence de ce commentaire par Senebier permet alors de conclure que l’écriture latine d’une main postérieure, indiquant le chapitre 34 au sommet du folio 1r, est antérieure à 1779, date du catalogue de Jean Senebier. En revanche, ce dernier écrit plus loin dans sa notice, que le texte du Livre d’Esther (ff. 126r-131v) n’était pas vocalisé. Or, aujourd’hui l’on trouve bien un texte vocalisé, ainsi que des notes de cantillation. Par conséquent, ce texte a dû être retouché à une date ultérieure à 1779.
Provenance du manuscrit:
  • Manuscrit de la France du Nord, entré à la Bibliothèque de Genève entre 1667 et 1701 (Il manque des registres d’entrées, dons et achats entre les années 1667 et 1701 [Arch. BPU Dd 1 (1626-1666) et Arch. BPU Dd 2 (1702-1711)]. Par conséquent, les manuscrits hébreux 3, 6, 8, 9, 10, 11, et 12 sont entrés à la Bibliothèque de Genève entre 1667 et la fin du XVIIe siècle.), car il apparaît répertorié pour la première fois dans le Catalogue, inventaire des livres de la bibliothèque de Genève, rédigé au milieu du XVIIe siècle (Arch. BPU Dk 3), f. 90r/115r : « Fragmenta Pentateuchi 4° manuscr. Hebr. » Le manuscrit heb. 3 a été répertorié dans le catalogue des manuscrits de Kennicott, sous la cote 401 (voir De Rossi, Variae Lectiones p. LXXIX). Voir aussi la liste des manuscrits Kennicott, dans Richler, Guide to Hebrew Manuscript Collections, p. 273). Ce manuscrit est également décrit dans le catalogue imprimé de Jean Senebier.
  • Ecriture au crayon gris sur la contre-garde collée à la fin du volume: M. h. Inv. no 1898.
Acquisition du manuscrit: Estampille de la Bibliothèque Publique de Genève sur le folio 131v.
Bibliographie:
  • M. Beit-Arié, « The Valmadonna Pentateuch and the problem of pre-expulsion Hebrew Manuscripts- MS London, Valmadonna Trust Library 1: England (?), 1189 », in The Makings of the medieval Hebrew Book. Studies in Palaeography and Codicology, The Magnes Press, 1993, pp. 129-151.
  • M. Beit-Arié, The Unveiled Faces of Medieval Hebrew Books. The Evolution of Manuscript Production – Progression or Regression? (Jérusalem: The Magnes Press, 2003).
  • C. M. Briquet, Les filigranes. Dictionnaire historique des marques du papier dès leur apparition vers 1282 jusqu’en 1600. A Facsimile of the 1907 Edition with Supplementary Material Contributed by a Number of Scholars, Allan Stevenson (éd.) (Amsterdam : The Paper Publications Society, 1968), 4 vol.
  • J. Isserles, Catalogue des manuscrits hébreux de la Bibliothèque de Genève, notices et commentaires (Genève : 2016). Publié en ligne sur https://doc.rero.ch/record/261214?ln=fr (consulté 12 septembre 2018) (Publication papier en préparation, Genève : Éditions Droz, 2019).
  • J. Isserles, Maḥzor Vitry: étude d’un corpus de manuscrits hébreux ashkénazes de type liturgico-légal du XIIe au XIVe siècle, pp. 47-48. (Thèse de doctorat, 2012, 403 pp., (Paris, Genève : Ecole Pratique des Hautes Etudes et Université de Genève, publication en préparation, 2019).
  • J. Olszowy-Schlanger, Les manuscrits hébreux dans l’Angleterre médiévale: étude historique et paléographique (Paris-Louvain: Peeters, 2003) (pp. 84 ; 143).
  • J. Prijs, Die hebraïsche Handschriften in der Schweiz. Katalog der hebräischen Handschriften in der Schweizer öffentlichen Bibliotheken (Basel, Bene Beraq: Sefer Verlag, 2018), pp. 284.
  • B. Richler, Guide to Hebrew Manuscript Collections, Second Revised Edition, (Jérusalem: The Israel Academy of Sciences and Humanities, 2014), p. 78-79; 273.
  • J. B. De Rossi, Variae lectiones Veteris Testamenti (Parme : Ex Regio Typographeo, 1784). Ce catalogue est en ligne sur le site suivant: https://books.google.it/books?id=tK0WAAAAQAAJ&pg=PAxxvii&hl=fr#v=onepage&q&f=false (consulté le 17 septembre 2018).
  • J. Senebier, Catalogue raisonné des manuscrits conservés dans la bibliothèque de la ville et république de Genève (Genève : Barthélémy Chirol, 1779), p. 21.
  • C. Sirat, « Rapport sur les conférences de paléographie hébraïque médiévale : Les écritures hébraïques en France », in Annuaire de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, IVe section (Paris: 1973-74), pp. 441-449.
  • J. Vezin, « La reliure occidentale au Moyen Age », in La reliure médiévale. Trois conférences d’initiation, E. Baras, J. Irigoin et J. Vezin (éd.) (Paris : Presses de l’Ecole Normale Supérieure, 1978), pp. 37-50.