Fribourg/Freiburg, Archives de l'Etat de Fribourg/Staatsarchiv Freiburg, Législation et variétés 53/Gesetzgebung und Verschiedenes 53
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Le livre de drapeaux de Fribourg (Fahnenbuch) de Pierre Crolot, 1648, publié par la Société d'histoire du Canton de Fribourg, Texte de Bernard de Vevey, Zürich, 1943 (extraits).

Titolo del codice: Livre des Drapeaux (Fahnenbuch)
Datazione: 1647-1648
Supporto materiale: feuilles de parchemin
Dimensioni: 42 planches
Formato: de 31 sur 48 cm.
Numerazione delle pagine: Les planches de parchemin sont seules numérotées, en chiffres arabes, au moyen d'un chablon.
Composizione dei fascicoli: Le volume commence par deux feuilles de papier; la première est blanche, et la seconde porte le sceau des Archives d'Etat et l'inscription suivante, de la main de l'archiviste Joseph Schneuwly: "Voir décisions du 22 mars et 9 nov. 1646. Manual. / Voir décision du 11 février 1647. Manual. / Le peintre de ces drapeaux, qui étaient suspendus / au chœur de St-Nicolas, était Bourguignon et s'appelait / Pierre Croulot".
Le volume se termine par cinq feuilles de papier blanc.
Condizione: Chaque planche est protégée par une feuille de papier de soie, et deux feuilles de fort papier blanc sont intercalées entre chaque feuille de parchemin.
Un certain nombre de planches ont été reliées à l'envers.
Decorazione: 42 planches exécutées par Pierre Crolot, de Pontarlier.
Legatura: La reliure, du milieu du XVIIe siècle, est en plein veau, avec fers sur les plats et au dos, assez abîmée. Le tout forme un volume de 6 cm d'épaisseur.
Contenuto:
  • 1. Frontispice. Armes de Fribourg.
    • Deux écus, accolés, de forme ovoïde, aux armes de la Ville et République de Fribourg, surmontés d'un troisième écu, également de forme ovoïde, aux armes de l'Empire. Ce dernier est sommé de la couronne impériale. Le tout est soutenu par deux lions, celui de dextre tenant une épée, et celui de sénestre un monde. Entre les deux écus de la ville est un petit cartouche portant la date de 1647, et le monogramme P.C.
    • L'ensemble est placé dans un portique renaissance à pilastres corinthiens. Sur le soubassement sont représentées des allégories, à gauche de la Foi et de l'Espérance, et à droite de la Tempérance et de la Force. Au milieu du soubassement est l'emblème sigillographique de la ville - déjà déformé -, au naturel, soit trois tours rondes, celle du milieu surmontée de l'aigle impériale; de la porte de la tour centrale sort une allégorie de la Justice1.
    Reproduction: F.G.B. IV (1897) p. 62-63, fig. 5.

    1 F. Hauptmann, das Wappen von Freiburg dans F.G.B. IV (1897) p. 54 ss. Max de Diesbach, Les armes de Fribourg dans N.E.F. 1899 p. 1 ss et dans A.H.S. 1903 p. 49 ss.
     
  • 2. Frontispice. Armes de Fribourg et des baillages.
    • Même disposition des écus de Fribourg et de l'Empire, devant une draperie et au-dessus de l'emblème de la ville.
    • Le tout est placé dans un cadre ovale composé de deux rangées d'armoiries.
    • Le rang extérieur comprend les armoiries des baillages, soit de gauche à droite depuis le milieu supérieur: Corberss (Corbières), Remond (Romont), Ruw (Rue), Staffys (Estavayer), Boll (Bulle), Wiypingen (Vuippens), Uberstein (Surpierre), Bossonens (Bossonnens), Chastel-[D]ionis (Châtel-St-Denis), Attalens, S. Albin (St-Aubin), Talbach (Vaulruz), Font, Cugie (Cugy), Plaffeyen (Planfayon), Jounn (Bellegarde), Corsery (Corserey), Orbach (Orbe), Granson (Grandson), Grasburg (Grasbourg), Murtten (Morat), Alten[r]yff (Hauterive), Chinaulx (Chenaux)1, Montenach (Montagny), Gruningen (Everdes), Illingen (Illens), Pont et Gryers (Gruyère)2.
    • La rangée intérieure devait représenter les armoiries des 26 paroisses formant en 1648 les "anciennes terres" de Fribourg 3. Les écus, à l'exception de celui de Guin, n'ont pas été peints. Les noms sont cependant indiqués: Mertenlachen (Marly), Rechthalten (Dirlaret), Spintz (Ependes), Treffels (Treyvaux), Ergenzachen (Arconciel), Perroman (Praroman), Giffers (Chevrilles), Matran, Wyler (Villars-sur-Glâne), Onens (Onnens), Prez, Gurmels (Cormondes), Berfischen (Barberêche), Gumbschen (Belfaux), Curtion (Courtion), Rupertwzyl 4 (Villarepos), Grissachen (Cressier), Autenach (Autigny), Escuvilliens (Ecuvillens), Zibbenzachen (Givisiez), Bösingen, Wunnenwyl (Wünnewil), Uberstorff (Ueberstorf), Heidenried (Heitenried), Tavers (Tavel) et Dydingen (Guin).
    La composition de cette planche est très nettement inspirée d'un vitrail qui se trouve au Musée d'art et d'histoire de Fribourg, et qui porte l'inscription "die Statt Fryburg 1630": disposition identique des armoiries fribourgeoises et impériales, placées dans un même cadre ovale formé par les armoiries des baillages, en une seule rangée. Dans le vitrail, les baillages sont placés dans le même ordre, sauf que la première armoirie est celle de Gruyère et la dernière celle de Pont, et Planfayon est après Bellegarde. Le vitrail ne contient pas la rangée intérieure des armoiries des paroisses.

    1 Un tiers de la seigneurie d'Estavayer.
    2 Les armoiries des baillages ont fait l'objet de deux études de Fréd.-Th. Du Bois, Armoiries des terres et baillages de la République et Canton de Fribourg dans N.E.F. 1911 p. 1 ss. et dans A.H.S. 1937 et tirage à part 1938.
    3 Sur les "anciennes terres", voir Pierre de Zurich, Les "Anciennes terres" de Fribourg, dans N.E.F. 1942 p. 22 ss. Chacune de ces paroisses était rattachée à l'une des quatre bannières de la ville de Fribourg.
    4 Sic, pour Rupertzwyl.
     
  • 3. Frontispice. Armes des conseillers.

    Armoiries des membres du Conseil de Fribourg en 1647/1648, soit de:

    I. 1. Frantz Petter König, genandt von Mohr, avoyer en charge. 2. Johan Reiff, ancien avoyer. 3. Rudolff Weck, lieutenant d'avoyer. 4. Petter Heinricher, trésorier.
    II. 1. Ullrich Erhart, conseiller. 2. Petter Techterman, conseiller. 3. Pancratz Python, conseiller. 4. Johan Daniel von Montenach, conseiller.
    III. 1. Hanns Heinrich Wildt, conseiller. 2. Hanns Brodard, conseiller. 3. Petter von Diesbach, conseiller. 4. Frantz Gottrauw, conseiller.
    IV. 1. Petter Reiff, conseiller. 2. Hanns Lentzburger, conseiller. 3. Thobias Gottrauw, conseiller. 4. Niclaus Meyer, conseiller.
    V. 1. Niclaus von Montenach, conseiller. 2. Hanns Rudolff Progin, conseiller. 3. Johan Reynold, bourgmestre. 4. Caspar Gady, conseiller.
    VI. 1. Niclaus von Diesbach, conseiller. 2. Frantz Rydela, conseiller. 3. Niclaus von Ligritz, conseiller. 4. Niclaus von Perraman, conseiller.
    VII. 1. Beat Jacob von Montenach, banneret. 2. Jost Biderman, banneret. 3. Hanns Ullrich Pithon, banneret. 4. Jost Wildt, banneret.
    VIII. 1. Georg Petter von Montenach, chancelier d'Etat. 2. Protasius Altt, secrétaire du Conseil. 3. Hanns Rudolff Vonderweydt, grand-sautier. 4. Hanns Frantz Reiff, intendant des bâtiments.
    IX. 1. Johan Schrötter, secrétaire de la Justice urbaine. 2. Frantz Niclaus von der Weidt, secrétaire de la Justice rurale.    

    Les armoiries de la dernière ligne sont presque effacées. Celles de Jean Schrötter étaient d'or au cerf-volant de sable posé en pal. Celles de François-Nicolas von der Weid étaient les mêmes que celles de Jean-Rodolphe von der Weid. (VIII 3.)

    Au bas de la planche, se trouve la date de 1648. Or, l'avoyer régnant, François-Pierre König, mourut le 11 décembre 1647, et ce fut le lieutenant d'avoyer, Rodolphe Weck, qui lui succéda immédiatement. Cette planche fut donc exécutée au cours du second semestre 1647, pour être présentée au Conseil, avec l'ouvrage entier, au début de 1648.

  • 4. Bannière de Florence. 10,66 / 6,5.
    • D'argent à la fleur de lis épanouie de gueules. Bordure diaprée d'or.
    Le F.A.1 admet erronément que cette bannière aurait été utilisée par l'une des bandes de Campobasso, dans l'armée de Charles-le-Téméraire, et proviendrait ainsi du butin de Bourgogne.
    Il s'agit en réalité de l'une des "huit ou neuf belles bannières" dont Peter Falk annonçait l'envoi à son épouse dans sa lettre du 25 juillet 1512. Elle avait dû être prise, selon le chroniqueur Valerius Anshelm 2, dans une église ou un arsenal de Milan, lors de l'occupation de cette ville par les Confédérés aussitôt après la bataille de Pavie (15 juin 1512).
    Reproductions: F.A. 1890 pl. XV; A. et B. Bruckner, Schweizer Fahnenbuch, pl. 50.

    1 F.A. 1890 pl. XV (article anonyme).
    2 Valerius Anshelm, Die Berner-Chronik, éd. Berne 1888, vol. III p. 332.
     
  • 5. Bannière de Milan. 18,33 / 9,5.
    • Médaillon rond, au centre duquel est placé saint Ambroise, patron de Milan, en costume sacerdotal, tenant un fouet dans sa main droite et la crosse dans sa main gauche; il est entouré des allégories des vertus cardinales: la Justice, la Force, la Prudence et la Tempérance. Le cadre du médaillon porte la légende suivante: + COMVNITASMEDIOLANI, en capitales romaines.
    • Le médaillon lui-même est entouré de quatre figures représentant probablement les quatre éléments: le feu, la terre, l'eau et le ciel.
    • Le champ du drapeau est composé d'un semis d'armoiries de Milan (d'argent à la croix de gueules) et de couronnes surmontant la devise libertas, en minuscules gothiques.
    • Le tout est entouré d'une bordure où alternent les armoiries de Milan et la même devise.
    Cette bannière date de la République Ambrosienne qui exista depuis la mort du dernier Visconti, Filippo-Maria (13 août 1447), jusqu'à l'avènement de Francesco Sforza (1450)1.
    C'est également l'une des "huit ou neuf belles bannières" dont Peter Falk annonçait l'envoi à son épouse dans sa lettre du 25 juillet 1512. Elle a donc la même provenance que la précédente.
    Reproductions: F.A. 1893 pl. III; Bruckner, pl. 47; G. Castella, Histoire du Canton de Fribourg, pl. VIII.

    1 Max de Diesbach, Drapeau milanais, dans F.A. 1893 pl. III.
     
  • 6. Bannière de Milan. 16 / 8.
    • Disposition analogue à celle de la bannière précédente. Médaillon rond, au centre duquel est placé saint Ambroise, dans le même costume et avec les mêmes attributs, mais il n'est pas entouré d'allégories. Le cadre du médaillon porte la même légende: + COMVNITASMEDIOLANI, en capitales romaines.
    • Le médaillon est placé au centre d'une croix blanche occupant tout le champ du drapeau. Dans chaque canton est inscrite la devise libertas, en minuscules gothiques, surmontée d'une couronne.
    • Le tout est entouré d'une bordure où alternent les armoiries de Milan et la même devise.
    Max de Diesbach1 croyait que cette planche du Fahnenbuch représente l'autre face du drapeau précédent. Nous ne le croyons pas parce que les dimensions des deux bannières ne sont pas les mêmes et que la hampe est placée du même côté.
    Cette bannière date également de la République Ambrosienne, et a la même provenance que la précédente.
    Reproductions: F.A. 1893, pl. III; Bruckner, pl. 48.

    1 F.A. 1893 pl. III.
     
  • 7. Bannière de Maximilien Sforza, comte de Pavie. 12 / 8.
    • Le champ est parti d'argent à la guivre de sinople1, hallissante de gueules, qui est Milan, et d'or à trois aigles de sable2, posées en pal, couronnées d'or, qui est Empire3. Le tout est entouré d'une bordure à caissons disposés dans l'ordre suivant de droite à gauche, et séparés chacun par un vairé plein: 1. vairé; 2. une couronne de nuages4; 3. un pinceau (scofetta), entouré de la devise NERITO 5 ET TEMPORE; 4. une colombe brochant sur un soleil et tenant dans ses pattes la devise A BON DROIT 6; 5. un mors de cheval (?) surmonté de la devise CH VERGES NIT 7; 6. une branche de laurier et une palme passées en sautoir dans une couronne8; 7. une housse de poitrail de cheval. Puis, les caissons se répètent dans le même ordre jusqu'au haut de la hampe.
    D'après Charles Stajessi 9, cette bannière aurait vraisemblablement appartenu à Maximilien Sforza, fils de Ludovic-le-More, que les Confédérés ont installé sur le trône du duché de Milan en 1512.
    Ce drapeau a dû faire partie de l'envoi de Peter Falk à son épouse, en 1512, et a la même provenance que les précédents.
    Reproductions: F.A. 1896, pl. XVII; Bruckner, p. 194.

    1 Elle devrait être d'azur.
    2 Les aigles sont monocéphales.
    3 Les ducs de Milan portaient écartelé d'argent à la guivre d'azur, et d'or à l'aigle de l'Empire de sable; le fils aîné du duc de Milan était comte de Pavie et portait les armes reproduites sur notre bannière.
    4 Emblème utilisé par François Ier Sforza, duc de Milan.
    5 Sic, pour MERITO. Emblème de François Ier Sforza et de Ludovic-le-More.
    6 Emblème employé déjà par Filippo-Maria Visconti, puis par les Sforza. Voir la planche 19.
    7 Et non. ICH VERGES NIT, comme le dit F.A. 1896 pl. XVII. Emblème de Jean-Galeas-Maria Sforza et de Ludovic-le-More.
    8 Emblème utilisé par Jean-Galeas Visconti et surtout par Galeas-Maria Sforza.
    9 Bannière des comtes de Pavie, dans F.A. 1896 pl. XVII.
     
  • 8. Bannière de Pierre de Gingins.
    • Sur champ de gueules, et soutenu par deux anges portant une étole en sautoir, un écu écartelé, aux 1er et 4me d'or au lion de sable, armé et lampassé de gueules, la queue fourchue, le premier contourné par courtoisie; aux 2me et 3me coupé d'azur au lion issant de gueules, la queue fourchue, le second contourné par courtoisie, et de sable à trois broyes d'argent. Les 2me et 3me écarts sont un peu plus grands que leur hauteur normale. L'écu est timbré d'une couronne d'où sortent des flammes et est surmonté du cri GASPAR.
    • Ces armoiries ne peuvent être que celles des Gingins, que Crolot a pu mal interpréter, ou dont il n'a pas su distinguer tous les émaux en raison du mauvais état du tissu: écartelé d'argent semé de billettes de sable au lion du même brochant sur le tout, qui est Gingins, et d'azur à trois broyes d'or posées en fasces, au chef d'argent chargé d'un lion issant de gueules, qui est Joinville.
    Les Gingins étaient l'une des principales familles féodales du Pays de Vaud; fidèles vassaux de la Savoie, ils furent de chauds partisans de Charles-le-Téméraire.
    Cette bannière fut certainement celle de Pierre de Gingins, seigneur du Châtelard, tué le 9 juin 1476 en défendant la Tour-de-Peilz contre les Bernois. Peut-être, aussi, cette bannière fut-elle conquise à Morat, le 23 juin suivant, où elle avait pu être portée par les gens de Gingins dans le contingent savoyard, qui combattait avec le Téméraire.
    La facture italienne de ce drapeau n'a rien de surprenant étant donnés les rapports constants et étroits qu'entretenait la cour de Savoie avec l'Italie1. Il faut reconnaître cependant que le cri GASPAR est inconnu dans la famille de Gingins, de même que les anges comme soutiens: ce pouvaient être des attributs personnels.
    Reproduction: Bruckner, p. 195.

    1 Félix Hauptmann (lettre du 19 juillet 1910, aux A.E.F. sans cote) et Bruckner admettent que cette enseigne est italienne. Nous n'avons retrouvé aucune armoirie italienne rappelant, même de loin, celles qui figurent sur ce drapeau.
     
  • 9. Etendard de Louis XII, roi de France et comte de Pavie. 8/17.
    • La partie inférieure du drapeau est occupée par une vue de Pavie: grand corps de logis en forme de fer à cheval, flanqué de tours sur les ailes et fermé par une courtine crénelée; des arcades s'ouvrent sur la cour intérieure, qui est remplie de soldats vêtus de pourpoints bleus, de chausses rouges et de toques écarlates surmontées de plumes rouges, blanches et bleues; sous chaque arcade est un soldat armé qui paraît garder un personnage assis; dans l'angle gauche, un soldat salue deux hommes vêtus, l'un d'une robe rouge, l'autre d'une robe bleue, et coiffés de bonnets rouges. Cette scène représente probablement un épisode de l'occupation française.
    • Au centre de la partie supérieure est une statue équestre, le régisole, le personnage vêtu à l'antique, qui est l'emblème de Pavie 1, entouré de saint Sire, à gauche, et de saint Augustin, à droite, patrons protecteurs de la cité, en vêtements épiscopaux. Entre le régisole et saint Sire sont les armes de France, et entre le régisole et saint Augustin, celles de Bretagne.
    • Sur la flamme supérieure est un écu, plus grand, aux armes de France, entouré du collier de l'ordre de St-Michel, et de l'inscription LV[dovicvs] REX FRA[n] CHOR[vm] CO[mes] P[a] P[iae] . La flamme inférieure est occupée par un écu aux armes de Pavie, avec l'inscription CO[mes] 2 P[a] P[iae] .
    Ce drapeau a été conquis par les hommes de Peter Falk, lors de la prise de Pavie, le 15 juin 1512: il correspond exactement à la description donnée dans le rapport du capitaine fribourgeois du 19 juin 15123. Mais, il ne dut pas faire partie de l'envoi de Falk à son épouse, ce butin ayant été annoncé au Conseil de Fribourg.
    Dans le Livre des drapeaux, cette planche est reliée à l'envers.
    Reproductions: F.A. 1893 pl. XV; Bruckner, pl. 49.

    1 Cette statue devait représenter Marc-Aurèle ou Antonin-le-Pieux. Elle a dû être transportée de Ravenne à Pavie par Théodoric, roi des Ostrogoths, ou par Charlemagne. Elle fut détruite en 1796 par les révolutionnaires.
    Notre peinture est l'une des plus anciennes représentations que l'on ait du régisole.
    Voir au sujet de cette statue : Hondius, Nova et accurata Italiae hodiernae descriptio, Lugduni Batavorum 1627, p. 321 et 322; Cantù, Illustrazione del Lombardo Veneto, Milan 1857, I p. 698 et 699; Brambilla, Monete di Pavia, Pavie 1883, p. 478 ss.
    2 Ou CO[mitatus]?
    3 Max de Diesbach, Drapeau de Pavie, dans F.A. 1893 pl. XV. Voir l'Introduction.
     
  • 10. Etendard de Louis XII, roi de France et comte de Pavie. 8 / 17.
    • Revers du précédent.
    • Le champ est entièrement occupé par le régisole, tourné vers la hampe, placé entre les saints Théodore et Epiphane.
    • La statue est supportée par une colonne à chapiteau très évasé, orné des armes de Pavie et d'un cartouche portant l'inscription VICTORIA. La colonne sort d'un puits hexagonal, plein d'une eau bleu foncé: ce doit être la reproduction du puits miraculeux de la chapelle de Saint-Augustin, à Pavie. De chaque côté de la statue sont des évêques protecteurs de la cité, en vêtements épiscopaux: à gauche, saint Théodore portant sur son bras gauche le château de Pavie et le régisole, et, à droite, saint Epiphane.
    • Entre la statue et les saints sont les armes de Bretagne et de France. Sur les flammes sont les mêmes écus et inscriptions qu'à l'envers du drapeau.
    Reproductions: F.A. 1893 pl. XV; Bruckner pl. 49.
     
  • 11. Bannière de Venise.
    • De gueules au lion de saint Marc d'or, couché, tenant le livre des Evangiles fermé. La légende SANCTVS MARCVS EVANGELISTA est répartie sur deux lignes, au-dessus et au-dessous du lion. Le tout est entouré d'une bordure diaprée d'or.
    D'après Giovannina Majer1, il s'agit d'un étendard de guerre, comme l'indique le livre fermé tenu par le lion. Ce drapeau n'aurait pas été confectionné à Venise: le lion est dans une posture qui n'était pas traditionnelle à Venise, où le lion de saint Marc est toujours passant2.
    Il est vraisemblable que ce drapeau a été exécuté hors de Venise, pour quelque bande de condottiere au service de la République de Saint-Marc.
    Cette bannière a certainement été prise à Milan et a fait partie de l'envoi de Peter Falk à son épouse en 15123.
    Reproductions: A.H.S. 1931 p. 57, fig. 49; Bruckner, pl. 50.

    1 Giovannina Majer, Tre bandiere veneziane, dans Archivio veneto, 4me série vol. IV p. 255 ss. Paul Aebischer, Les Drapeaux de Venise du "Fahnenbuch" de Fribourg, dans A.H.S. 1931 p. 54 ss., donne un résumé de l'étude de Mlle Majer.
    2 Pour ne citer que quelques exemples authentiquement vénitiens: au Palais des Doges, le lion de Donato Veneziano (1459), dans la Salle première del' Avogaria; celui de Jacobello del Fiore (1415), dans la Salle Erizzo; celui de Vittore Carpaccio (1515), dans la Salle Grimani; et à la Cà d'Oro, le lion de Giovanni Buonconsiglio (début du XVIe siècle), sous le portique du 2me étage.
    3 Majer, op. cit. p. 261, qui étudie aussi comment les bannières vénitiennes représentées dans le Livre des drapeaux sont parvenues à Milan. A.H.S. 1931 p. 58.
     
  • 12. Bannière de Venise. 11 / 9.
    • La forme de cette enseigne est insolite, et semble prouver que la peinture ne représente pas exactement l'original. La place du chef, de l'écu de la famille Gonzague et des 1er et 4me écarts paraît démontrer qu'il s'agirait d'un confanon; par contre les 2me et 3me écarts, ainsi que la devise, sont disposés comme sur une bannière à hampe verticale.
    • Ecartelé, aux 1er et 4me tiercé en fasce de pourpre, d'argent et de sinople, papelonné renversé d'or; au 2me d'azur chargé d'une tête de pavot perdant ses graines, d'un musc sortant d'un buisson, de deux alliances entrelacées et tenues par deux mains habillées, et d'un pinceau (scofetta); au 3me d'azur chargé d'une tête de pavot perdant ses graines, d'une fleur de safran tigée et feuillée, d'un basilic naissant, et de deux alliances entrelacées et tenues par deux mains habillées. Le tout est abaissé sous un chef de gueules au lion de saint Marc d'or tenant le livre des Evangiles fermé, posé sur une terrasse de sinople se terminant à sénestre par un mont soutenant un château à quatre étages surmonté d'une bannière d'or au lion passant de sable; ce chef est lui-même abaissé sous un autre chef diminué de gueules à la croix d'or. Du corps du lion de saint Marc, et brochant sur le premier chef et les 1er et 2me écarts, une balance soutenant d'écu de la famille Gonzague. Enfin, brochant en barre sur les 2me, 3me et 4me écarts, la devise AVDACES FORTVNA IVVAT. La bordure est composée de festons portant les motifs suivants: pièce indéterminée, tête de pavot, pinceau, fleur de safran, alliances, pièce indéterminée, etc. dans le même ordre tout autour de la bannière.
    Mlle Majer voit dans ce drapeau une bannière de guerre, le livre des Evangiles étant fermé. Le lion a une forme anormale (il est très allongé et contourné): il aurait donc été exécuté hors de Venise, vraisemblablement pour Francesco II Gonzague, quatrième marquis de Mantoue, capitaine général des milices de la République de Venise de 1489 à 1497, et chef des armées papales et vénitiennes en 15101. Il faut toutefois remarquer que la forme du lion n'a rien de probant: Crolot a pu l'allonger pour les besoins du dessin, et, sur l'autre face de la bannière, il n'était certainement pas contourné.
    Joseph-Anton Häfliger2 voit plutôt dans ce drapeau une bannière de corporation ou de confrérie des pharmaciens de la ville de Saint-Marc. Il tire ses arguments de la forme, qui n'est pas celle d'une bannière de guerre, et de la présence d'emblèmes pharmaceutiques. Mais, alors, pourquoi l'évangiliaire fermé? et comment expliquer la présence des armoiries Gonzague?
    Ce drapeau fit certainement partie de butin envoyé en 1512 par Peter Falk à son épouse.
    Reproductions: A.H.S. 1931 p. 59, fig. 50; Bruckner, p. 192.

    1 Majer, op. cit. p. 260; A.H.S. 1931 p. 58.
    2 Joseph-Anton Häfliger, Heraldik in der Pharmazie, dans A.H.S. 1931 p. 150.
     
  • 13. Etendard de Venise.
    • De gueules au lion de saint Marc d'or, tenant un livre ouvert portant la légende PAX TIBI MARCE/EVANGELISTA MEVS, et posé sur une terrasse de sinople, se terminant, à dextre, contre la hampe, par un mont sur lequel est un château à deux tours, et à sénestre par un buisson de laurier de sinople. Au-dessus du château, dans le champ et entouré de nuages, est placée une Vierge, posée de trois-quarts, tenant l'Enfant Jésus, debout devant elle. Entre les pattes du lion, est placé l'écu de la famille Bragadin, de Venise, entre les initiales A et B. Le tout est entouré d'une bordure componnée.
    Il s'agit d'un drapeau officiel de la République de Venise. Le lion a sa forme normale. L'écu est celui d'Antonio Bragadin, podestat et capitaine de Rovigo en 1508 et 1509, qui défendit vaillamment cette forteresse contre les soldats d'Alphonse Ier d'Este, duc de Ferrare 1.
    Ce drapeau a la même provenance que ceux qui sont reproduits aux planches Nos 11 et 12.
    Dans le Livre des drapeaux, cette planche est reliée à l'envers.
    Reproductions: A.H.S. 1931 p. 55, fig. 48; Bruckner, p. 197.

    1 Majer, op. cit. p. 257; A.H.S. 1931 p. 56.
     
  • 14. Bannière de lansquenets.
    • D'or à cinq burelles d'azur, au sautoir de gueules brochant sur le tout.
    Il s'agit très vraisemblablement d'un drapeau conquis à Novare en 1513, et non d'une enseigne bourguignonne1.
    Dans sa chronique2, Rudella donne les dessins3 de deux bannières analogues, qu'il dit provenir de la campagne de Novare de 1500, mais qui ont certainement été conquises à la bataille de Novare de 1513. La première (fig. 3), d'argent à trois burelles de sinople, au sautoir d'or brochant sur le tout, fut prise par on ne sait qui, et la seconde (fig. 4), burelée de sable et d'or, au sautoir d'or brochant sur le tout, fut apportée à Fribourg par Steffan Wy et Hansi Kolbo.
    A l'église des Franciscains de Lucerne 4 est représentée une bannière d'or à quatre burelles de sable, au sautoir d'argent brochant sur le tout5.
    Des bannières du même genre figurent encore, par exemple, sur le vitrail de Hans Funk, d'après Nicolas Manuel, au Musée historique de Berne 6.
    Reproduction: Bruckner, Nachträge p. 26.

    1 Comme le croient A. et B. Bruckner, Schweizer Fahnenbuch, Nachträge p. 26. La forme rectangulaire ne nous paraît pas absolument probante.
    2 Voir l'Introduction. Chronique Rudella N° 63 a p. 139 et 140, N° 63 b p. 312.
    3 Fig. 3 et 4.
    4 Côté gauche, 20me bannière. Josef Gauch, Fahnen erbeutet in den Schweizerkriegen, Lucerne, 1939, pl. 33. Fahnenbuch de Lucerne fol. 27 Nos 36, 37 et 38.
    5 Gauch, op. dt. l'appelle une bannière française conquise à Novare.
    6 P. de Vallière, Honneur et Fidélité, 2me éd. pl. IV.
     
  • 15. Etendard d'un duc de Milan. 7 / 20.
    • De gueules au soleil d'or, chargé de trois bagues entrelacées du même, écartelé de vair couché. La bordure est chargée de 29 petits cartouches ronds, portant les initiales, à partir de la hampe et de droite à gauche: VL, MA, SE, AG, DA (ou DX), ML ... , sans ordre absolu1. Le tout est entouré de festons traités d'une façon analogue à ceux de la bannière de la planche N° 12.
    La facture de cet étendard se rapproche fort de celle des enseignes représentées aux planches Nos 16 et 19. L'ordre des initiales n'est pas constant, et l'on ne peut être certain que le peintre les a reproduites exactement2. On pourrait avoir la lecture partielle suivante: MAXIMILIANUS (MA) SFORZA (SE pour SF?) DUX (DX et DA) MEDIOLANI (ME).
    Cet étendard provient évidemment des guerres d'Italie. S'il est bien de Maximilien Sforza, duc de Milan, il aurait été rapporté de l'expédition de Novare (1513), Maximilien n'ayant pris possession du duché qu'en 1512, après la bataille de Pavie.
    Reproduction: Bruckner, p. 197.

    1 Pour l'ordre des lettres, voir Paul Aebischer, Les drapeaux de Venise du "Fahnenbuch" de Fribourg, dans A.H.S. 1931 p. 60 note 2.
    2 Preuve en est que, dans cette liste, nous trouvons tantôt DA, tantôt DX
     
  • 16. Etendard de Jean-Galéas Sforza, duc de Milan. II / 20.
    • Coupé, au 1er d'argent semé de flammes, au faucon dans un nimbe, adextré d'un soleil, le tout d'or, et entouré de six oiseaux volant d'or et d'argent, au 2me de gueules semé de flammes d'or, à l'étang d'azur où nage un cygne d'or, et entouré, comme au 1er, de six oiseaux volant d'or et d'argent. La bordure est chargée de 26 petits cartouches ronds, portant les initiales, à partir de la hampe, et de gauche à droite1: IO, GZ, DX, MI, ST ... , etc., soit IOANNES (IO) GALEAZZO (GZ) DUX (DX) MEDIOLANI (MI) STRENUISSIMUS (ST).
    Cet étendard provient de l'expédition de Pavie (1512) et a été vraisemblablement emporté d'un arsenal de Milan, comme les bannières représentées aux planches Nos 4, 5, 6 et 7.
    Reproduction: Bruckner, p. 196.

    1 Pour l'ordre des lettres, voir Aebischer, op. cit.
     
  • 17. Bannière de lansquenets.
    • Ce drapeau est identique à celui de la planche N° 14, mais les dimensions en sont un peu plus petites1.
    Dans le Livre des drapeaux, cette planche est reliée à l'envers.

    1 Voir la légende de la planche N° 14.
     
  • 18. Bannière française (?).
    • Fascé d'argent et d'azur.
    Il est très difficile d'identifier ce drapeau, car le fascé fut utilisé dans toutes les armées et pendant tout le XVIe siècle. On pourrait le rapprocher de certaines bannières du Fahnenbuch de Glaris 1 - provenant de Marignan - et du Fahnenbuch de Lucerne 2 - provenant de Dreux !
    Dans le Livre des drapeaux, cette planche est reliée à l'envers.

    1 Fahnenbuch de Glaris, fol. 29. Glarner Fahnenbuch, éd. 1928, pl. XIX N° 33.
    2 Fahnenbuch de Lucerne, fol. 30 N° 43. Eglise des Franciscains de Lucerne, côté droit, 19me bannière. Gauch, op. cit. pl. 36.
     
  • 19. Etendard de Maximilien Sforza, comte de Pavie. II / 22.
    • De pourpre semé de flammes d'or, au soleil du même, une colombe d'argent brochant sur le tout et tenant entre ses pattes la devise A BON DROIT, en capitales romaines.
    Il ne s'agit pas d'une enseigne bourguignonne, comme le croyait Max de Diesbach 1, mais bien d'un drapeau italien2. La colombe, tenant cette devise, est en effet un emblème des familles Visconti et Sforza, représenté exactement de la même façon sur la bordure de la bannière de la planche N° 7.
    La facture de l'étendard étant la même que celle de la bannière de Maximilien Sforza, on peut l'attribuer, sans grand risque d'erreur, à ce seigneur italien.
    Comme cet étendard n'a pu être pris par les Fribourgeois après que Maximilien Sforza eut été installé sur le trône du duché de Milan, il faut admettre qu'il lui a appartenu, comme la bannière de la planche N° 7, alors qu'il n'était encore que comte de Pavie. Ce drapeau a certainement été pris à Milan et rapporté en 1512 de la campagne de Pavie.
    Reproductions: F.A. 1890 pl. IV; Bruckner, p. 196.

    1 F.A. 1890 pl. IV.
    2 F.A. 1896 pl. XVII.
     
  • 20. Cornette d'escadre bourguignonne. 4 / 15.
    • Coupé d'azur et de gueules, à deux écots en sautoir entrelacés d'un briquet, à la devise „Je l'ay emprins“ en minuscules gothiques, brochant sur le tout, les mots alternant avec des roses et des briquets.
    Le Musée historique de Berne possède deux cornettes identiques (sauf que le champ est de sinople et qu'il y manque le briquet de la pointe), toutes deux de 47/218 cm, et deux banderoles de 30/107 cm, ainsi que quelques fragments de broderies1.
    Au Musée historique de St-Gall se trouvent des cornettes, banderoles et guidons analogues2.
    Le Fahnenbuch de Glaris reproduit une banderole ayant les émaux de Berne, mais la broderie de Fribourg 3.
    Cette cornette provient évidemment de la campagne de Bourgogne. Mais, il n'est pas possible de déterminer à quelle compagnie d'ordonnance elle appartenait, car les couleurs azur et gueules ne sont pas mentionnées dans les Mémoires de Philippe de Commines. Vraisemblablement, de nouvelles compagnies ont été crées après 1474. D'autre part, notre drapeau est incomplet: il y manque, près de la hampe, l'image du saint tutélaire de la compagnie4.
    Reproductions: F.A. 1903 pl. XX; Bruckner, p. 105.

    1 Musée historique de Berne, Inventaire N° 16.
    2 Paul Martin, St. Galler Fahnenbuch p. 80 à 83, spécialement le guidon de la pl. XIV qui est aussi coùpé d'azur et de gueules.
    3 Fahnenbuch de Glaris fol. 13. Glarner Fahnenbuch, éd. 1928, pl. XVI N° 21.
    4 Martin, op. cit. p. 74 et note 266. Bruckner (Nachträge p. 26) admet qu'il s'agit d'une banderole, et non d'une cornette: nous ne le croyons pas parce que les dimensions de cette enseigne sont trop grandes.
     
  • 21. Etendard bourguignon. 4 / 15.
    • D'argent à la fasce d'azur, semé de rameaux de laurier d'or, et, brochant sur le tout, près de la hampe, un tronc arraché et feuillu, lié par un cordon aux lettres I et G, le tout d'or1. Il semble, par le revers en partie visible, que le tronc et les lettres étaient répétés deux fois.
    Des lettres sont assez souvent brodées sur des enseignes bourguignonnes, par exemple sur une bannière de l'arsenal de Soleure, prise à Grandson 2.
    L'inventaire de Charles-le-Téméraire de 1467 mentionne sous N° 2622: "une esguiere ou a dedens six gobeletz, trois salieres, six cullers neslees, et en plusieurs lieux de ladite esguiere a ung I et un G entrelachez d'une serviette"3. Nous ignorons la signification de ces initiales.
    Cet étendard provient évidemment du butin de Bourgogne, vraisemblablement de Grandson (1476).
    Reproduction: Bruckner, p. 104.

    1 Les lettres I et G sont contournées: l'autre face du drapeau devait les présenter normalement.
    2 Reproduite dans J. J. Amiet, Die Burgunderfahnen des Solothurner Zeughauses, Soleure 1868, planche, litt. g.
    3 Victor Gay, Glossaire archéologique du moyen âge et de la Renaissance, Paris 1887, II p. 346, et communication de M. Paul Martin, conservateur-adjoint du Musée de la ville de Strasbourg, par M. le prof. Héribert Reiners, à Fribourg.
     
  • 22. Etendard bourguignon. 4 / 15.
    • De gueules à trois touffes de jonc.
    Par sa facture et la disposition des figures, cette enseigne se rapproche fort des drapeaux des planches Nos 20 et 21, qui sont certainement bourguignons.
    Cet étendard provient donc du butin de Bourgogne, sans qu'il soit possible de l'identifier.
     
  • 23. Etendard bourguignon. 4 / 15.
    • Chevronné couché de gueules, d'or et d'azur1.
    Cette enseigne, indéterminée, provient du butin de Bourgogne, probablement de Grandson (1476).
    Reproduction: Bruckner, p. 104.

    1 Peut-être de sinople?
     
  • 24. Bannière d'Antoine, bâtard de Bourgogne.
    • Armes de Philippe-le-Bon, contournées, brisées de la barre de bâtardise de gueules1.
    Antoine, bâtard de Bourgogne, était fils de Philippe-le-Bon, donc frère de Charles-le-Téméraire. A Grandson, Morat et Nancy, il commanda des divisions bourguignonnes.
    Cette bannière provient des guerres de Bourgogne, sans qu'il soit possible de déterminer où elle a été conquise: elle faisait probablement partie du butin de Grandson (1476).
    Dans le Livre des drapeaux, cette planche est reliée à l'envers.
    Reproductions: F.A. 1903 p. 3 du texte de la pl. XX; Bruckner, p. 98.

    1 Le Musée historique de Berne possède (Inventaire N° 118) une copie sur lin d'un drapeau identique (110/74,5 cm) (Bruckner, p. 163 du Catalogue, N° 1040). Ce drapeau, cité par Stajessi (F.A. 1903 pl. XX), n'est pas mentionné par Jacob Stammler dans Der Paramentenschatz im historischen Museum zu Bern, Berne 1895.
     
  • 25. Etendard italien.
    • D'argent semé de flammes d'or, chargé vers la hampe d'un cartouche rond représentant un rocher au naturel mouvant d'une mer d'azur. Le cartouche est entouré de la devise TAMEN VIVET, répétée deux fois.
    Cet étendard, indéterminé, est certainement italien1, et provient probablement de Pavie (1512).
    Reproduction: Bruckner p. 198.

    1 Bruckner (Nachträge p. 26) admet qu'il s'agit d'une enseigne bourguignonne; nous ne le croyons pas en raison de la facture nettement italienne du drapeau.
     
  • 26. Pennon savoyard.
    • D'argent, chargé deux fois des lettres gothiques A d'or et Y de gueules, réunies par un lacs d'amour de sable.
    Les initiales A et Y sont celles d'Amédée IX, duc de Savoie († 1472) et de son épouse, Yolande de Valois († 1478)1.
    Assumant la régence du duché pendant la minorité du jeune duc Philibert, Yolande, sollicitée et par Louis XI, son beau-frère, et par Charles-le-Téméraire, finit par suivre les avis malheureux du duc de Bourgogne. Après la défaite de Grandson, la duchesse assista au camp de Lausanne et envoya des contingents qui se joignirent aux troupes bourguignonnes, pour se faire battre à Morat.
    On doit donc admettre que ce pennon provient du butin de Morat.
    Dans le Livre des drapeaux, cette planche est reliée à l'envers.

    1 Communication de M. Paul Martin, conservateur-adjoint du Musée de la ville de Strasbourg, par M. le prof. Héribert Reiners, à Fribourg.
     
  • 27. Pennon français (?).
    • D'azur au chevron de gueules.
    D'après Stajessi 1, ce drapeau serait bourguignon, car, dit-il, le chevron est une pièce héraldique fréquente sur les bannières de Bourgogne. A vrai dire, le seul chevron que nous connaissons sur une enseigne bourguignonne est celui de l'étendard de la planche N° 23 de notre Livre des drapeaux, et encore est-ce un chevronné! Aucun drapeau de Bourgogne conservé dans nos musées ou représenté dans les chroniques illustrées ne contient cette pièce héraldique.
    Ce drapeau paraît bien plutôt être la petite bannière prise à la bataille de Dreux, le 19 décembre 1562, par Hans de Praroman qui, pour cet exploit, reçut du Conseil une récompense de 40 livres en 15682.
    Dans le Livre des drapeaux, cette planche est reliée à l'envers.

    1 F.A. 1903 pl. XX. Bruckner (Nachträge p. 26) est du même avis.
    2 A.E.F. Compte des trésoriers N° 332 fol. 32 r°.
     
  • 28. Bannière de l'abbaye de Murbach.
    • D'argent au lévrier de sable, armé, lampassé et vilené de gueules et colleté d'argent, à la bordure de gueules.
    Lors de la campagne du Sundgau, en 1468, Fribourg envoya une petite troupe sous le commandement de Peterman Velg; Henslin Fuͤrer portait le "fendlin"1.
    Les Bernois et les Soleurois emportèrent d'assaut le château de Hirzenstein 2 et y conquirent une bannière de l'abbaye de Murbach, "die was wiss und darin ein swarzer wind, die schankt man denen von Friburg von sunder lieb wegen, die fůrtents ouch mit inen heim"3. Les armoiries de l'abbaye de Murbach sont effectivement d'argent au chien de sable4: il s'agit donc bien de la bannière représentée par cette planche5, conquise par les Bernois et Soleurois et donnée aux Fribourgeois.
    Reproduction: Bruckner, p. 61.

    1 Hans Fries, Chronik éd. Berne 1901 (Schilling, éd. Berne 1897-1901 vol. II p. 391 ss.) p. 395.
    2 Diebold Schilling, Die Berner Chronik, éd. Berne 1897-1901 vol. I p. 25: Hirzstein.
    3 Schilling, 1. dt. Tschachtlan relate le même fait, et décrit la bannière comme suit: "ein wisse paner mit einen swarzen wind ... die paner kam gan Friburg in Öchtland" ( Tschachtlan, Berner Chronik, éd. 1933 pl. 229). Sur cette expédition et ses conséquences pour l'abbaye de Murbach, voir A. Gatrio, Die Abtei Murbach in Elsass, Strasbourg 1895, vol. II p. 62.
    4 Lienhart Otte von Watweiler dit: "Die stift Muͦrbach hat einen schwarzen hund, der hat irer viel gebissen". Gatrio, op. dt. page de titre.
    5 L'abbé de Murbach était alors Barthélemy d'Andlau, qui fut à la tête de l'abbaye de 1447 à 1476. Gatrio, op. dt. vol. II p. 3 à 66.
     
  • 29. Chaperon bourguignon.
    • D'azur au soleil mouvant de la hampe, chargé d'un briquet, une fleur de lis en pointe, le tout d'or.
    Rudella reproduit1 et décrit2 une bannière prise à Novare par Hans Heyd (d'azur au soleil d'or): Stajessi 3 admet que Crolot, en raison du mauvais état de ce drapeau aurait pris le soleil pour un briquet entouré de ses flammes, et qu'il s'agit ici, en réalité, d'un pennon italien.
    Cette identification est inadmissible. En effet, rien ne prouve que la pièce représentée était dans un état de délabrement tel qu'on n'ait pu en distinguer les figures. D'autre part, le drapeau conquis par Heyd est une bannière carrée ou rectangulaire, alors que l'enseigne reproduite a une forme elliptique très caractéristique, et insolite pour un drapeau.
    Schilling, dans sa chronique officielle de Berne, reproduit plusieurs enseignes bourguignonnes de ce genre4, mais toujours de forme carrée, rectangulaire ou triangulaire. Le cheval qui galope au premier plan de la bataille de Morat 5 porte une housse de croupe d'azur au briquet d'or.
    L'origine de cette pièce est certainement bourguignonne, et il semble bien, d'après sa forme, qu'il s'agit d'un chaperon de pluvial que les Fribourgeois ont monté sur une hampe pour pouvoir le suspendre à Saint-Nicolas.
    Dans le Livre des drapeaux, cette planche est reliée à l'envers.
    Reproduction: Bruckner, p. 106.

    1 Introduction, fig. 1.
    2 Chronique Rudella N° 63 a p. 139 et N° 63 b p. 310.
    3 F.A. 1903 pl. XX. Bruckner (p. 106) tient cette pièce pour une enseigne bourguignonne, mais il paraît en douter à la p. 26 de ses Nachträge.
    4 Par exemple, vol. III fol. 279 et 375.
    5 Vol. III fol. 375.
     
  • 30. Etendard français (?).
    • D'azur à trois fasces d'or.
    Ce drapeau a la même composition que celui de la planche N° 18: voir la légende de cette planche.
    Dans le Livre des drapeaux, cette planche est reliée à l'envers.
     
  • 31. Banderole bourguignonne (fragment).
    • De gueules au chiffre iii (ou à trois c gothiques minuscules ?), vers la hampe, adextré de deux écots passés en sautoir, le tout d'or.
    La croix de saint André alaisée, formée souvent de deux écots, est l'une des pièces les plus fréquentes sur les drapeaux de Charles-le-Téméraire.
    Cette planche du Livre des drapeaux ne peut représenter qu'un fragment de banderole ou de cornette d'escadre d'une compagnie ayant le rouge comme couleur distinctive, probablement de la 4me compagnie1. S'il s'agit du chiffre III, nous nous trouvons en présence d'un fragment de banderole de la troisième chambre (escouade) d'une escadre indéterminée; s'il s'agit de trois C, c'est une cornette de la 3me escadre2. Crolot aura entouré ce fragment d'une frange, dont il aura peut-être retrouvé des restes sur les longs côtés, pour en faire un drapeau complet.
    Cette pièce provient donc du butin de Bourgogne. Dans le Livre des drapeaux, cette planche est reliée à l'envers.
    Reproduction: Bruckner, p. 105.

    1 Voir les règlements d'organisation militaire de Charles-le-Téméraire dans Martin, op. dt. p. 74 ss. et les notes.
    2 Bruckner (Nachtrage p. 27) admet qu'il s'agit d'un fragment de cornette d'escadre.
     
  • 32. Etendard italien.
    • De gueules au soleil d'or, adextré d'un B du même.
    Par sa facture, ce drapeau paraît être italien1, mais nous n'avons trouvé aucune précision à son sujet. Il provient vraisemblablement de Pavie (1512).
    Dans le Livre des drapeaux, cette planche est reliée à l'envers.
    Reproduction: Bruckner, p. 198.

    1 Et non bourguignon, comme semble l'admettre Bruckner (Nachträge p. 27).
     
  • 33. Pennon bourguignon.
    • Coupé d'azur et de gueules, à deux croix de saint André, alaisées, de l'un dans l'autre.
    Les croix de saint André indiquent que cette pièce est d'origine bourguignonne. Elle se rapproche, par sa facture, des pennons représentés aux fol. 25 et 26 du Fahnenbuch de Glaris 1 et des pennons reproduits dans le Fahnenbuch de Soleure 2, et qui proviennent certainement d'Héricourt (13 novembre 1474).
    Dans le Livre des drapeaux, cette planche est reliée à l'envers.
    Reproduction: Bruckner, p. 65.

    1 Glarner Fahnenbuch, éd. 1928, pl. XIINos 12 et 13.
    2 Amiet, op. cit. p. 13.
     
  • 34. Cotte de héraut de Louis de Chalon.
    • Ecartelé de gueules à la bande d'or, qui est Chalon, et d'or au cor de chasse de sable1, qui est Orange; en cœur, d'or équipolé de quatre points de sable2, qui est Genevois.
    • Les armoiries occupent le champ entier de la cotte; elles sont également reproduites sur les manches, dont la moitié seule est visible.
    Ces armes sont celles de Louis de Chalon, seigneur de Châtelguyon 3, chevalier de la Toison d'Or, né vers 1448, tué à la bataille de Grandson au moment où il allait s'emparer de la bannière de Schwyz 4.
    Louis de Chalon était fils de Louis Ier de Chalon-Arlay (né vers 1390, † 1463), prince d'Orange, seigneur de Grandson, Orbe, Echallens, Bottens, Montagny-le-Corbe et Belmont, et d'Eléonore d'Armagnac. La famille de Chalon était l'une des plus puissantes du Pays de Vaud et de la Bourgogne. Jean III de Chalon, père de Louis Ier, avait épousé Marie de Beaux qui lui avait apporté la principauté d'Orange et des prétentions sur le comté de Genevois, du chef de sa mère Jeanne de Genevois; c'est ce qui explique la présence des armoiries des comtes de Genevois en cœur de la cotte5.
    Cette cotte est vraisemblablement la robe "brodae d'or" trouvée à Grandson dans un coffre et apportée à Fribourg par Pierre Bergo, de Treyvaux 6.
    Ce vêtement fut utilisé comme chasuble par le clergé de Saint-Nicolas. De ce fait, il s'usa rapidement, et, en 1770 déja, il 'avait disparu7.
    Le Fahnenbuch de Soleure 8 contient une représentation de la bannière de Louis de Chalon; l'écu en cœur manque. Diebold Schilling, dans sa chronique officielle de Berne, donne à plusieurs reprises des bannières ou des étendards de Louis de Chalon, une fois avec un écu en cœur, blanc9.
    Dans le Livre des drapeaux, cette planche est reliée à l'envers.
    Reproduction: Calendrier héraldique vaudois 191210 .

    1 Le cor devrait être d'azur.
    2 Les quatre points devraient être d'azur.
    3 Herr zu Tschettegion, dit Diebold Schilling dans sa chronique de Berne.
    4 Amiet, op. cit. p. 24. Eduard v. Rodt, Historische Altertümer der Schweiz, Berne 1889, p. 9.
    5 Sur les possessions de la famille de Chalon dans le Pays de Vaud, voir M.F. de Gingins-la-Sarra, Recherches historiques, dans M.D.R. 1re série vol. XIV p. 179 ss., et Frédéric Barbey, Louis de Chalon, dans M.D.R. 2me série vol. XIII, spécialement p. 86 ss. pour ce qui concerne les prétentions sur le comté de Genevois.
    6 A.S.H.F. vol. V p. 292.
    7 Chronique fribourgeoise, Mns aux Archives de l'Evêché, à Fribourg, fol. 22 du cahier intercalé au fol. 190 de la Chronique. A.H.S. 1904 p. 45.
    8 Planche IV N° 18. Cette bannière est reproduite dans le Calendrier héraldique vaudois 1916.
    9 Le Fahnenbuch de Lucerne (fol. 7 N° 13) et la fresque de l'église des Franciscains, à Lucerne (côté droit, 8me bannière) attribuent à Louis de Chalon une bannière de gueules au sautoir écoté d'argent, accompagné de quatre briquets d'or (Gauch, op. cit. pl. 11): c'est-là, en réalité, une bannière impériale conquise pendant la guerre de Souabe, et non pas un drapeau de Louis de Chalon.
    10 Dans cette reproduction, les émaux exacts du cor et des points ont été rétablis.
     
  • 35. Cotte de héraut de Louis de Chalon.
    • Armes de Chalon, contournées.
    Revers du tabard représenté à la planche précédente, comme le démontre la différence de l'encolure.
    Reproduction: v. Rodt, op. cit. pl. 9, N° IV.
  • 36. Chape bourguignonne.
    De toutes les pièces de butin reproduites dàns le Livre des drapeaux, seules subsistent encore les trois chapes de Bourgogne des planches N° 36, 37 et 38.
    Elles ont fait l'objet d'une étude approfondie de M. Henri Naef dans la Revue suisse d'art et d'archéologie1, et nous ne pouvons que reprendre ses conclusions.
    Elles furent confectionnées pour Charles-le-Téméraire, et non pour son père, et proviennent certainement du butin de Morat, comme le démontre l'inventaire de Saint-Nicolas, établi en juillet 14992: "Item tres cappas cum scuto Karoli duci[s] Burgundorum que fuerunt conqueste ante Muretum".
    Ces chapes sont une chapelle de deuil de l'Ordre de la Toison d'or, emportée à Morat par le Téméraire pour rendre dignement les derniers honneurs aux chevaliers dont on prévoyait une tragique hécatombe. Dès qu'elles furent à Fribourg, et très probablement dès Noël 1476, elles furent portées par le clergé de Saint-Nicolas aux processions commémoratives de Grandson (dimanche qui suit le 1er mars), de Morat (dimanche qui suit le 21 juin) et de Villmergen (deuxième dimanche de février), cérémonies qui furent supprimées à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle3.
    Ces chapes entrèrent au Musée d'art et d'histoire de Fribourg vers 1879, et sont exposées au château de Gruyères depuis le 25 juillet 19414.
    Malgré tous les soins du clergé de Saint-Nicolas, les chapes de Bourgogne durent subir deux restaurations. Au cours de second semestre 1584, le trésorier d'Etat Marti Gottrouw paya à Gebharten Hassler, brodeur sur soie de Bruxelles, la somme de 50 écus à 25 batz de Constance, soit 300 livres, pour avoir réparé et complété les chormentel zu sant Niclausen, mit den burgundischen wapen5. En outre, on donna 6 livres au tailleur qui aida Hassler dans son travail. Si l'on s'en rapporte à l'examen archéologique des chapes, on doit reconnaître que cette restauration a été admirablement faite, sans modification appréciable de l'aspect antérieur6.
    Une seconde réparation fut exécutée en 1904/05 par Mme Barbara Meili, de Zurich, et ses filles, et coûta 1064.15 francs. Ce fut seulement un travail de nettoyage et de consolidation7.
    • Sur la chape reproduite à la planche N° 36 sont brodés trois écus:
      1° Au centre, Artois: de France au lambel de gueules à trois pendants, chargés chacun de trois châteaux d'or.
      Au-dessous:
      2° A gauche, Autriche: de gueules à la fasce d'argent;
      3° A droite, Bourgogne ancien: bandé d'or et d'azur de 6 pièces, à la bordure d'or8. Ces trois armoiries s'expliquent facilement. Le duc Charles était comte d'Artois. Les armes d'Autriche rappellent le landgraviat d'Alsace, terre acquise par le grand duc d'Occident au traité de Saint-Omer, le 9 mai 1469, et celles de Bourgogne ancien, la première maison de Bourgogne, à laquelle appartenait la grand'mère de Philippe-le-Hardi.
    • Les trois écus sont soutenus par un briquet et son silex. La chape est semée de flammes d'or.
    • L'original a un diamètre de 2,90 m et une hauteur de 1,455 m. Il est de velours noir et les broderies sont de velours, de brocart et de fils d'or.
    Reproduction: 1° de la planche du Livre des drapeaux, v. Rodt, op. cit. pl. 9, N° I; 2° de la chape originale: Revue suisse d'art et d'archéologie 1942, pl. 19 et pl. 21, fig. 6.

    1 Henri Naef, Un trophée fribourgeois: les chapes aux armes de Charles-le-Téméraire, dans la Revue suisse d'art et d'archéologie 1942 p. 28.
    2 A.E.F. Geistliche Sachen N° 63.
    3 Fuchs-Raemy, p. 364 et 365, notes 3 et 4.
    4 A l'inventaire du Musée, elles portaient primitivement toutes trois le N° 394 (L. Grangier, Catalogue du Musée cantonal de Fribourg 1882 p. 67). La chape représentée à la planche N° 36 du Livre des drapeaux porte actuellement la cote N° 6725.
    5 A.E.F. Compte des trésoriers N° 364.
    6 Naef, op. cit. p. 34 et 45.
    7 Naef, op. cit. p. 42.
    8 La bordure devrait être de gueules: du reste, elle l'est sur la chape originale.
     
  • 37. Chape bourguignonne.
    • Fonds noir, semé de flammes d'or. Au centre, un briquet et son silex, surmontés de trois écus:
    • Au centre, Artois, comme sur la chape précédente;
    • Au-dessous et de chaque côté, Bourgogne ancien.
    La chape originale est au Musée d'art et d'histoire de Fribourg, exposée au château de Gruyères 1. Elle a un diamètre de 2,90 m et une hauteur de 1,45 m. Le velours est assez bien conservé aux deux ailes; un grand empiècement de velours noir, aux épaules, moins ancien, paraît provenir de la réparation de 1584. Les broderies sont de velours, de brocart, de satin et de fils d'or.

    Reproduction: 1° de la planche du Livre des drapeaux: v. Rodt, op. cit. pl. 9, N° III et F.A. 1890 pl. X; 2° de la chape originale: Revue suisse d'art et d'archéologie 1942 pl. 18 et pl. 21, fig. 5.

    1 Elle porte à l'inventaire la cote N° 6724.
     
  • 38. Chape bourguignonne.
    • Cette chape est incontestablement la plus riche des trois: le fonds noir est également semé de flammes d'or, mais jaillissant de trois briquets et silex.
    • L'écu central, beaucoup plus grand que sur les autres chapes, est aux armes de Charles-le-Téméraire.
    • Au-dessous de celui-ci, se trouvent les écus:
      1° A gauche, Zélande: coupé d'or au lion issant de gueules, contourné par courtoisie, et de gueules à deux fasces ondées d'argent.
      2° A droite, Franche-Comté: d'azur semé de billettes d'or, au lion couronné du même, brochant sur le tout.
    Charles-le-Téméraire était, en effet, comte de Zélande et de Franche-Comté.
    La chape originale, comme les deux autres, est au Musée d'art et d'histoire de Fribourg, exposée au château de Gruyères 1. Elle a un diamètre de 3 m et une hauteur de 1,45 m.
    Le velours en est particulièrement usé aux épaules. Les broderies sont de velours, de brocart, de satin et de fils d'or et d'argent, et paraissent avoir été assez fortement restaurées en 1584.
    Reproduction: 1° de la planche du Livre des drapeaux: v. Rodt, op. cit. pl. 9, N° II; 2° de la chape originale: Revue suisse d'art et d'archéologie 1942, pl. 17, 20 et 22.

    1 Elle porte à l'inventaire la cote N° 6726.
     
  • 39. Tenture armoriée. 8 / 15.
    • Tenture aux armes de Philippe-le-Bon ou de Charles-le-Téméraire, répétées deux fois.
    Il semble que Crolot n'a pas su reproduire les partitions héraldiques.
    En effet, pour la première armoirie, le 2me écart ne contient que Bourgogne ancien, alors qu'il devrait être parti Bourgogne ancien et Brabant. Dans la seconde armoirie, le 1er écart est parti Brabant et Bourgogne moderne, alors qu'il devrait être Bourgogne moderne plein (le peintre a déplacé Brabant de la première dans la seconde armoirie); le 3me écart ne contient que Bourgogne ancien, alors qu'il devrait être parti Bourgogne ancien et Limbourg.
    Les deuxième et quatrième écarts de la seconde armoirie manquent.
    Il n'est pas possible de déterminer si cette tenture a été commandée par Charles-le-Téméraire ou par son père. Elle fut en tout cas utilisée par le duc Charles et conquise lors de la campagne de Bourgogne, probablement à Grandson (1476)1.
    D'après Olivier de la Marche, la salle d'audience du Téméraire était complètement tendue de tapisseries à ses armes2. Il est vraisemblable que cette planche du Livre des drapeaux reproduit l'une de ces tentures.
    Le Musée historique de Berne possède deux tapisseries semblables, l'une de 2/8,22 m (reproduisant les armoiries trois fois), et l'autre de 2/1,2.0 m3. Une tenture du même genre est conservée au Musée de Thoune.

    1 Cette tenture et celle qui est représentée à la planche suivante peuvent être celle que rapporta Jehan Salo et celle pour laquelle Jacob Arsent donna 50 gulden et 25 florins. A. S. H . F. vol. V p. 309 et 315.
    2 Estat de la Maison de Charles de Bourgogne, dans Petitot, Collection des Mémoires X p. 482, cité par Stammler, op. cit. p. 81.
    3 Musée historique de Berne, Inv. N° 15.
     
  • 40. Tenture armoriée. 8 / 16.
    • Tenture aux armes de Philippe-le-Bon ou de Charles-le-Téméraire, analogue à la précédente.

    La disposition des quartiers des armoiries parait démontrer que cette tapisserie n'est autre que la partie droite de la tenture de la planche précédente. Cependant, le tiers droit semble formé de morceaux ajoutés sans ordre à la tenture primitive: restauration maladroite ou essai malheureux de reconstitution?
    Si l'on ajoute les deux tentures des planches Nos 39 et 40, on obtient une longueur totale de 31 unités, soit de 8 m environ, longueur de la grande tapisserie du Musée historique de Berne.
    Cette tenture a évidemment la même provenance que la précédente.
     
  • 41 et 42. Tenture "fine verdure".
    Cette tapisserie fut coupée en son milieu; dans le sens horizontal, pour en faire deux longues tentures, vraisemblablement destinées à orner le chœur de la collégiale de Saint-Nicolas. La planche N° 41 représente la partie inférieure et la planche N° 42, la partie supérieure. Les dimensions de chacune d'elles sont 7/22, soit au total 14/22.
    • Elle représente, au centre, les armoiries de Philippe-le-Bon, père de Charles-le-Téméraire, timbrées d'un casque d'or et d'une fleur de lis comme cimier, et entourées du collier de la Toison d'or.
    • Le champ de la tapisserie, bleu foncé, est chargé d'un semis de touffes de fleurs: iris, violettes, muguets, marguerites. Aux quatre angles se trouve un briquet, et entre chaque briquet sont placés deux e gothiques minuscules, liés par un cordon.
    Cette tapisserie provient indiscutablement du butin de Bourgogne. Elle fut vraisemblablement achetée à Lucerne par le capitaine fribourgeois Petermann de Faucigny, qui la revendit, en 1477, à la fabrique de Saint-Nicolas pour le prix de 24 livres1. Mais, nous ne savons si elle provient de Grandson ou de Morat.
    Philippe-le-Bon fit tisser de nombreuses tapisseries en Flandre. Il commanda notamment "huypt pièces de tapisserie de verdure" à Jehan le Hase, de Bruxelles, dont la description, donnée par le trésorier du duc, correspond exactement à notre tenture2.
    Le Musée historique de Berne (Inv. N° 14) possède une tenture identique de 3,06/6,87 m. Il est intéressant de comparer cette pièce authentique avec la peinture de Crolot. A Berne, le fonds de la tapisserie est noir, et non bleu: c'est la couleur qui a foncé avec le temps. Crolot a fidèlement reproduit les armoiries, les briquets et les couples de e. Par contre il a quelque peu simplifié la "verdure": ses touffes de fleurs sont moins nombreuses, mais plus grandes. La tenture de Berne est un peu plus longue que celle de Fribourg: il manque à celle-ci trois rangées verticales de bouquets, de chaque côté. Par contre, la tapisserie de Berne a été coupée immédiatement au-dessous de la Toison d'or, de sorte qu'il y manque les deux briquets et le couple de e inférieurs.
    Enfin, si l'on compare les dimensions de la tenture de Berne et l'échelle de celle de Fribourg, tout en tenant compte des parties coupées de l'une et de l'autre, on arrive à la conclusion que chaque division de l'échelle de Crolot correspond à 25 centimètres environ.
    Reproduction: 1° de la partie centrale de la tenture: v. Rodt, op. cit. pl. 2, N° 1; 2° de la planche N° 41: F.A. 1891 pl. XI; Castella, op. cit. pl. VII; 3° des armoiries de la tenture du Musée historique de Berne: Stammler, Der Paramentenschatz p. 80.

    1 J.-D. Blavignac, Comptes de dépenses de la construction du clocher de Saint-Nicolas à Fribourg, en Suisse, Paris 1858, p. 105.
    2 J. Stammler, Katholische schw. Blaetter, Lucerne 1889, p. 89, 211 et 308. Du même, Der Paramentenschatz im historischen Museum zu Bern, Berne 1895, p. 79. F.A. 1891 pl. X.
  • 42. Tenture "fine verdure".
    • Partie supérieure. Voir la légende de la planche précédente.
    Reproduction: F.A. 1891 pl. X.
Origine del manoscritto: 42 planches exécutées en 1647 et 1648 par Pierre Crolot, de Pontarlier, sur commande du Conseil de Fribourg, pour perpétuer le souvenir des drapeaux qui étaient alors exposés en la collégiale de Saint-Nicolas