Cologny, Fondation Martin Bodmer, Cod. Bodmer 147
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Vielliard Françoise, Manuscrits Français du Moyen Âge, Cologny-Genève, 1975, pp. 46-60.

Titre du manuscrit:
  • Estoire Del Graal interpolé
  • Merlin
  • Histoire De Troie
  • Suite Du Merlin interpolé
  • Maurice de Sully, Sermon « Mulier cum parit »
  • Maurice de Sully: Sermon « Vado ad eum »
  • Maurice de Sully: Sermon « Amen dico vobis »
  • Queste Del Saint Graal
  • Mort Le Roi Artu
Période: Fin du XIIIe siècle
Support: Parchemin
Volume: I + 388 + I feuillets
Format: 348 x 259 mm
Numérotation des pages: Foliotation récente au crayon de 10 en 10. Les feuillets 89, 90, 159v et 160r et 160v, 388v sont blancs.
Composition des cahiers: Cahiers : 1-3810, 398 signés (une première série de signatures, a à u, est placée dans le coin inférieur gauche au v° du dernier feuillet de chaque cahier; la seconde série, a à t, se trouve au milieu de la marge inférieure du dernier feuillet).
Mise en page: Justification : de 275 à 280 x de 180 à 190 mm. Texte sur deux colonnes; 49 lignes par page jusqu'au fol. 290; 51 lignes à partir du fol. 291. Réglure à l'encre.
Type d'écritures et copistes: Ecriture gothique. Deux mains : ff. 1 à 290 et ff. 291 à 388v.
Décoration:
  • Titres rubriqués.
  • Initiales (2 lignes) bleues sur fond rouge ou rouges sur fond bleu décorées d'entrelacs, rehaussées d'or avec des prolongements dans les marges ; initiales (3 ou 4 lignes) décorées d'animaux ou de têtes humaines.
  • Bordures rouges et bleues.
  • 167 peintures (50 x 50 mm.).
  • Aux ff. 1, 91, 161, 291 et 344, peintures (90 x 90 mm) et bordures supportant animaux, fleurs, personnages et blasons encadrant toute la page.
Reliure: Reliure moderne dans le style de celles du XVe siècle : veau brun estampé à froid sur ais de bois à fermoirs.
Sommaire:
  • A. Ff. 1a-88c Estoire Del Graal Première partie du cycle de la Vulgate. Le texte de ce manuscrit est incomplet : sa fin correspond au texte de l'édition Sommer, p. 150, ligne 40. Il contient d'autre part plusieurs interpolations : des extraits des Evangiles, le Livre de la Genèse, un commentaire sur le Credo, le Credo et le Pater de Maurice de Sully, un traité de confession et la traduction du De miseria conditionis humanae d'Innocent III. Le rédacteur du manuscrit introduit naturellement ces interpolations en les plaçant à divers moments du récit dans la bouche de Joseph d'Arimathie.
    fol. 1a >Ci co[m]mence le Saint Graal Joseph d'Abarimacie< Cil qui se tient et juge au plus petit et au plus pecheor de touz mande saluz, el co[m]mancement de ceste estoire, a touz cels qui leurs cuers ont et leur creance a la [sainte] Trinité, ce est le Pere et le Fill et le [Saint] Esperit, el Pere par cui toutes choses sont establies [et] reçoivent co[m]me[n]cement de vie, el Fill par cui toutes choses sont delivrees des poines d'enfer et ramenees a la joie qui dure sanz faillir, el Saint Esp[e]rit par cui toutes choses sont issues des mains au maligne esperit et raamplies de joie par l'enluminement de lui qui est vrai lumiere et vrai confort. Li nons de cestui qui ceste estoire met en escrit n'est pas no[m]mez ne escleriez ou co[m]mencem[e]nt, mes p[ar] les paroles qui ci ap[rès] seront dites porroiz g[ra]nt mace ap[e]rcevoire le non de celui et le païs dont il fu nez et g[ra]nt p[ar]tie de son lignage ; mais en cest ne s'en velt pas descouvrir, et si a .III. resons porq[uo]i : la premiere por ce que se il se no[m]mast et il deist q[ue] Dex eust par lui descouv[er]t si haute estoire co[m]me est cele du Graal qui est de toutes estoires la plus haute, li felons [et] li envieux la torn[er]ent en vitez

    Interpolations
    • 1. (Ff. 3d-16d) Extraits Des Quatre Evangiles rapportant les principaux épisodes de la vie du Christ dans un texte comparable à celui de la Bible du XIIIe siècle ; un commentaire accompagne parfois certains de ces extraits. >Ci commencent les euvangiles<
      • (fol. 3d) Prologue. Texte complet. Ce doivent savoir tuit pecheor que devant ce que N[ost]re Sires venist en terre, que il faisoit parler les p[ro]ph[es]tes en son non et annoncier sa venue en terre. En cel tans dont je v[os] parle aloient toutes genz en enfer neis les p[ro]ph[es]tes; et q[ua]nt li deable les i avoient menez, si cuidoient avoir m[ou]lt bien esploistié; et il estoient m[ou]lt bien engigniez, car cil qui estoient mort se confortoient en la venue Jh[es]ucrist. N[ost]re Sires vit ce, si li plot q[ue] il venist en terra [sic], ci s'enombra en la vierge Marie en ceste maniere.
      • Premier paragraphe. >L'anonciation N[ost]re Dame. S[aint] Luc (Luc I, 26 à 38)< Li anges Gabriel fu envoiez de Dieu a la vierge Marie d'une cité de Galylee qui est apelee Nazareth, et li anges i ala et li dist: «Dex soit a toi, plaine de grace, tu es be-(fol. 4a)-neoite en toutes fames»; et q[ua]nt ele oï ce, si s'en esbahi [et] ot poor et se porpensa quele ceste salutacion pooit estre. Maintenant li anges li dist: «Marie, ne t'esmaies pas, q[ua]r tu as trouvee grace en Dieu et saches que tu co[n]cevras en ton ventre et enfant[er]as .I. fil qui sera apelez Jh[es]u fil le tout puissant»
      • (fol. 16d) Dernier paragraphe … Et q[ua]nt N[ost]re Sires leur ot ce dit, si les seigna et beney et puis monta ou ciel et siet a la destre du Pere. Et li apostre alerent et p[re]eschierent partout, et Dex ouvroit ensemble o aux et aff[er]moit leur p[re]dication par signe et par v[er]tu [et] par miracle (Marc XVI, 9).
    • 2. (Ff. 20b-57b) Livre de la Genèse texte conforme à celui de la Bible du XIIIᵉ siècle; il est présenté en trois épisodes:
      • ff. 20b-23a De la création du monde à l'arche de Noé (Genèse I, 1 à IX, 28)
      • ff. 32a-32d Du peuplement de la terre à partir de la descendance de Noé à la descendance de Térah (Genèse X, 1 à XI, 32)
      • ff. 42a-57b De l'histoire d'Abraham à la mort de Joseph (Genèse XII, 1 à L, 26)
      qui sont introduits dans le cours du récit par de courtes transitions.
      > fol. 20a Co[m]ment Diex cria le ciel et la (Fol. 20b) terre< Au co[m]mencem[en]t cria Dieu le ciel et la terre; la terre estoit vaine [et] vide, et tenebres estoient seur la face d'abisme, et li esp[er]iz de Dieu ve[n]teloit seur les eves. Et Dex dist: «Clarté, soit faite» et clarté fu faite; et Dex vit la clarté que ele fu bone, et desevra la clarté des tenebres; Dex apela la clarté jor et les tenebres nuit; et vespre et matin fu fet le p[re]mier jor. Diex dist: «Firmam[en]t soit ou mileu des eves et desevre les eves des eves»; et Dex fist firmament et dessevra les eves qui estoient souz le firmam[en]t de celes qui estoient desus le firmame[n]t; et il fu fait ainsi et Dex apela le firmam[en]t ciel; et vespre et matin est fait le secont …–… fol. 57b Les quiex choses trespassees il parla a ses freres et dit: «Dex vos visitera ap[ré]s ma mort et vos fera mont[er] de ceste t[er]re laquele il jura a Abraham, Ysaac [et] Jacob.» Et co[m]me il les eust co[n]jurez [et] eust dist: «Dex v[os] visit[er]a, enportez mes olz de cest lieu avecq[ue]s v[os]», Joseph est morz, .C. [et] .X. anz acompliz de sa vie, et est enoinz d'aromatizem[en]z et enseveliz en .I. petit lieu en Egypte.
    • 3. (Fol. 58a) Commentaire sur le Credo différent, malgré un début semblable, de celui de Maurice de Sully qui se trouve au fol. 59a.
      • (fol. 58a) Transition avec l'Estoire del Graal : Et quant ce fu fait, si dist Joseph[es] a touz [et] a toutes: «Or escoutez, bone gent, et ge vos diré co[m]ment tuit bon crestien et toutes crestiennes doivent croire.
      • fol. 58a Nous devons croire, et veritez est, en la sainte Trinité, c'est le Pere [et] le Fil [et] le S[aint] Esperit, et que ces .III. personnes sont tant seulement .I. Dieu tres puissant [et] pardurable, et que Dex li P[er]es o le Fil [et] le S[ain]t Esp[er]it fist le ciel [et] la terre [et] toutes choses de neant, et que li filz Dieu prinst char en la vierge Marie, et …–… fol. 58a Et qui ceste creance a, il a bone creance; et qui fait bone huevre por que il soit tiex que Dex vueille regarder vers son bienfait, li biens sera receuz devant Dieu et li sera estuiez duq[ue]s au besoing, se il ne se meffait entre ci [et] la. Si devez croire fermem[en]t q[ua]r la s[ainte] Escripture dit que sanz foi, nus homs ne puet plaire a Dieu. Si diroiz chascun jor [et] pluseurs foiz de bone volenté [et] en bone creance, se vos volez faire le plaisir Dieu, celui Seignor qui tout puet, et se vos volez avoir la joie qui ja ne faudra, c'est la vie p[ar]durable de ses sainz ciex [et] de so[n] s[aint] p[ar]adis.
    • 4. (Ff. 58a-59a) Maurice de Sully: Commentaire sur le Pater
      Filiation: Le manuscrit Bodmer ne cite pas le texte latin du Pater mais sa traduction, contrairement au texte établi par l'édition Robson.
      fol. 58a Pater noster qui es in cel[is. Etc.] c'est a dire: Nostre Pere, qui es es ciex, saintefiez soit li tiens nons, avieigne li tiens regnes, soit faite ta toe volenté aussi co[m]me ou ciel en terre. Nostre pain de chascun jor nos dones hui; et p[ar]do[n]nes nos noz meffaiz aussi co[m]me nos pardonons a cels qui meffait nos ont; et ne nos moines en temptation, mes delivres nos de mal. Ame[n], c'est a dire: ainsi soit il. Seur toutes les orisons qui onq[ue]s furent faites ne establies ne dites en terre, si est la plus haute [et] la plus sainte [et] la plus digne la patenostre. Car cestui establi no[m]meem[en]t Dex meismes, et la co[m]manda a dire a ses apostres et a touz cels qui en lui croient; et por ce que (fol. 58b) ele est tant digne, elle est plus dite [et] doit estre que nule autre orisonLa p[re]miere requeste si est q[ua]nt nos dis[on]s: Nostre Pere qui es es ciex, saintefiez soit li tie[n]s nons; tiex apele Dieu p[er]e, q[ua]nt il dit la paten[ost]re, qui n'i a nul droit …–… fol. 59a voirem[en]t ne sueffres tu que nos soions te[m]pté par la temptation au deable ne par mauvese char; voirement nos delivres tu de mal.
      Bibliographie
      • C. A. Robson, Maurice de Sully and the medieval vernacular homily, with the text of Maurice's French homilies from a Sens Cathedral Chapter Ms […] . Oxford, 1952, pp. 83-87.
    • 5. (Fol. 59a) Maurice de Sully: Commentaire sur le Credo
      Filiation: la partie commentée ne s'adresse pas, contrairement au texte de l'édition Robson, aux prêtres, mais plus généralement aux «seigneurs et dames».
      Nous creons la s[ainte] Trinité, le P[er]e [et] le Fil et le S[aint] Esperit; nos creons que li Peres et li Filz [et] li S[aint] Esperiz sont .I. Dieu tout puissant [et] p[ar]durable, nous creons que li filz Dieu p[ri]nt char en la vierge Marie …–… Nos creons la resurrection des cors au jor dou jugem[en]t [et] la p[ar]durable vie. Amen, que Dex la nos ostroit. Certainem[en]t, qui ceste creance a en Dieu, il a bone creance; et se il fait bones huevres par q[uo]i il soit tiex, que Diex vueille regarder so[n] bienfait
      Bibliographie
      • C. A. Robson, op. cit., pp. 82-83.
    • 6. (Ff. 59a-60a) Traité de Confession
      Filiation: qui constitue la quatrième partie du Miroir du Monde. Les manuscrits complets de ce traité comportent, au début, l'examen des sept péchés capitaux et de leurs différentes branches. Le texte du manuscrit Bodmer ne contient que l'examen du péché d'orgueil. Il présente ensuite une manière de se confesser et un Confiteor en français.
      fol. 59a Qui veult faire vraie confession au salut de s'ame, il doit estre dolenz [et] repentanz, et ap[ré]s regehissanz de touz les pechiez qu'il on[que]s fist; et doit avoir ferme volenté que a touz les jorz de sa vie s'en gard[er]a a so[n] pooir et il en fera la penitance que prestres dis-(fol. 59b)-crez li encharg[er]a et conseillera a faire. Il doit mestre g[ra]nt poine a porpenser soi de tout ce q[ue] il onq[ue]s mesfistLi bon clerc [et] li prodome enseignent que l'en face selonc les .VII. pechiez mortex et selonc les branches qui en issent; et ne porq[ua]nt en ne se doit mie confesser des pechiez que l'en ne fist on[que]s ne en fait ne en pensee car ce seroit enco[m]brem[en]t de l'ame de lui; por ce est bone chose de connoistre le bien, por ce que en le face et de co[n]noistre le mal por ce que en le sache eschiver. Et au commencement enseignerons les branches d'orgueil. Au co[m]mencement d'orgueil, qui est racine de touz maux, si en vient inobedience, quant li homs par orgueil laisse N[ost]re Seignor et ses co[m]mandem[en]z et fait la volenté de sa char ou ce que au cuer li vient …–… fol. 60a [et] toutes beneoites vierges et touz sainz [et] toutes saintes [et] vos, sires p[re]stres, que vos priez N[ost]re Seignor Jh[es]u Crist que il m'asoille [et] me doint p[ar]don de mes pechiez [et] de mes meffaiz et me deffende de pechié [et] me tieigne en bone p[er]sev[er]ance duq[ue]s a la fin. Amen.
      Bibliographie
      • E. Brayer, Contenu, structure et combinaisons du Miroir du Monde et de la Somme le Roi. II. Le Miroir du Monde en tant que composition indépendante dans Romania, t. LXXIX, 1958, pp. 441-445.
    • 7. (Ff. 66c-70c) Innocent III: Misère de la condition humaine
      Filiation: traduction du «De miseria conditionis humanae». Le manuscrit Bodmer ne comporte ni la dédicace ni le prologue qui se trouvent dans la plupart des manuscrits et donne directement le texte après une très courte phrase d'introduction: «Ci endroit tesmoigne la sainte Escripture que Job dit»; il ne comporte d'autre part que la traduction du premier des trois livres.
      fol. 66c >La misere de home< Ci endroit tesmoigne la sainte Escript[ur]e que Job dit: «Porquoi issi ge dou ventre ma m[er]e a veoir la doleur de ce monde [et] la poine, por degaster les jors de ma vie en confusacion». Se cil qui Dex saintefia ou ve[n]tre sa mere dit de soi tiex paroles, que porrai ge dire de moi qui suis de ma mere conceuz et congenuiz. Et aussi co[m]me Job dist: «Porq[uo]i ne sui ge mort ainçois que ge naquisse ou q[ua]nt ge sui issuz du ventre, porq[uo]i ne peri ge tantost, porq[uo]i sui ge receuz des genolz, alestiez de mameles, nez en arçon [et] en viande de feu …–… fol. 70c Jhesus Criz N[ost]re Sires fu crucefiez et Barrabas li lierres fu delivrés. Tiex est ores li siecles que li pesibles est tenuz a divers et li religieux a ypocrite, li simples a fol, et la simplece aus bons homes est escharnie, que la lumiere (c'est la bone vie aus bons homes) est despite en la pensee des riches homes.
      Bibliographie
      • M. Lieberman, Autour de l'iconographie gersonienne (suite). Les miniatures et les manuscrits qui les contiennent (II) dans Romania, t. XCI, 1970, pp. 469-474.

    Fin de l'Estoire del Graal : fol. 88c «Roys, fet Celydoines, de tant co[m]me ge te dirai plus de bien et enseignerai, et ne mie par ma science, mes par ce que li haulz mestres m'a descouvert par se debonereté, ge te di bien que se tu ne mez a huevre les paroles que il te mande par sa petite personne, de tant seras tu plus honiz et confonduz. Cil meismes p[ro]phestes, cil haulz sires que tu veis jadis mener tant vilainement a sa mort parmi la cité de Ier[oso]l[i]m[e], a icele hore que tu n'avoies d'aage que .V. anz, que tu meismes deis quant tu le veis que il n'avoit.»
    Bibliographie
    • H. Oskar Sommer, The Vulgate version of the Arthurian romances edited from manuscripts in the British Museum. Volume I. L'estoire del saint Graal…, Washington, 1909.
  • B. Ff. 91a-289c Merlin et Suite de Merlin dite Suite-Vulgate
    Filiation: Deuxième partie du cycle de la Vulgate. D'après A. Micha (art. cit., p. 158) ce manuscrit « commet des omissions; c'est une copie très remaniée; si elle supprime, elle se permet aussi des rédactions allongées ».
    Le Merlin qui figure dans ce manuscrit appartient au petit cycle dit de Robert de Boron. Le texte du Merlin est suivi d'une histoire de Troie et celui de la Suite-Vulgate interpolé du texte presque intégral des Faits des Romains, du Livre de Judith et des deux Livres des Maccabées. Comme les interpolations de L'Estoire del Graal, celles-ci prennent place naturellement dans le récit: ce sont des histoires racontées par Merlin.
    • a. (Ff. 91a-120d) Merlin
      fol. 91a Ci endroit dit li contes, et la sainte Hystoire le tesmoigne, q[ue] m[ou]lt fu yriez li anemis q[ua]nt N[ost]re Sires ot esté en enfer [et] il en ot gité Adam [et] Eve, Noel, Abraham Ysaac, Jacob, Joseph, Moyses, Aaron, David, Ysaie, Jheremie, Daniel [et] touz les autres p[ro]phestes [et] saint Jehan Baptiste [et] des autres tant co[m]me il li plot. Et q[ua]nt li anemi virent ce, si orent m[ou]lt g[ra]nt m[er]veille, si s'asemblerent [et] dient: «Qui est cil homs qui si nos a efforciez que noz fermetez ne riens que nos eussions ne pot tenir contre lui q[ue] il n'oit fet ce q[ue] il li plot, ne nos ne poons mie que nus ho[m]s poist nestre de fame qui ne feust nostres et cil ainsi nos destruist? Co[m]ment est il nez q[ue] nos n'i avons nul delit t[er]rien si co[m]me nos avons en touz autres homes?» Lors respont uns autres anemis [et] dist: «Ce nos a morz q[ue] nos cuidions q[ui] mielz nos vausist. Vos sovient il q[ue] li p[ro]phete p[ar]loient [et] disoient q[ue] li filz Dieu venroit en t[er]re sauver les pecheors de Eve [et] de Adam [et] des autres tant co[m]me il li pleroit? Et nos alions, si prenions cels qui le disoient [et] les torm[en-] tions plus q[ue] les autres, et il fesoient semblant q[ue] noz tormenz ne les grevoient riens …–… fol. 120d Et aprés, par le conseil l'arcevesque [et] de Mell[in et] des genz dou païs, il fist savoir par tout le royaume de Logres que il tenroit, a la mi-aoust ensivant, une g[ra]nt feste a Karlion, et que totes genz i feussent a ce jour, granz [et] petiz, por savoir les co[m]mandem[en]z que li roys fera. Mes atant se test ores li contes de lui et parlerons de Mell[in] qui s'en ala a Blaise son mestre et li conta mot a mot si co[m]me li roys Artus avoit esté coronez ([et] par lui le savons nos encore). Et puis li dist: «Ge vueil q[ue] tu mestes en esc[ri]t co[m]ment [et] por quele achoison Troie la grant fu destruite [et] essilliee». Et Blaise dist: «Ce ferai ge m[ou]lt volent[ier]s, car aussi avoie ge g[ra]nt desirrier de savoir en la v[er]ité» -- «Or prenz donc .I. autre livre et ge t'en diré mot a mot la certaineté co[m]ment [et] porquoi la guerre co[m]mença et les g[ra]nz batailles [et] les g[ra]nz mortalitez qui en furent». Et Blaises dist: «Et ge l'escriré vole[n]tiers».
    • b. (Ff. 121a-158d) Histoire de Troie
      Filiation: Le manuscrit Bodmer présente un texte que nous n'avons pas rencontré ailleurs et dont le contenu s'inspire plus particulièrement du Roman de Troie de Benoît de Sainte-More.
      fol. 121a En une des parties de Grece qui est apelee Syce, avoit .I. roy qui Pelleus estoit apelez, qui m[ou]lt estoit riches homs [et] puissanz [et] de g[ra]nt engi[n]g, et bien estoit sires de toute sa terre. Icelui Pelleus avoit .I. frere que l'en apeloit Eson de Penelope, qui avoit .I. fil qui avoit non Jason, li quiex estoit de g[ra]nt biauté [et] de grant pris et m[ou]lt estoit amez de toutes les genz dou royaume son oncle; si ala la renomee de lui p[ar] maint païs, Et q[ua]nt li roys Pelleus vit que ses niés estoit tant amez [et] avoit la grace de tout le pueple [et] de touz ses barons, si entra en g[ra]nt douta[n]ce que il ne li tolsist le royaume par l'acordement de totes ses genz. Et par maintes foiz se porpensa co[m]ment il le poist faire aler en tel lieu dont il ne poist jamais retorner. Un jor avint a une haute feste que Pelleus tinst une grant cort et m[ou]lt i ot [et] des uns [et] des autres; si apela Jason son neveu [et] li dist …–… fol. 158d Et quant il s'en volt aler en son païs, se li bailla de compaignie [et] d'avoir tant co[m]me il en volt. Et ainsi s'en rala Thelegonus en son païs m[ou]lt honorablement, mes trop estoit corrociez en cuer dou fait de son pere et oublier ne le pooit. Quant sa mere Cyrché le vit, qui tant longuem[en]t l'avoit desirré [et] regreté, si en ot m[ou]lt g[ra]nt joie, et si savoit ele bien co[m]ment il avoit ouvré, mes por la demore que il fesoit, avoit toz jorz poor qu'il ne feust morz. Si oublia assez tost son corouz puis que ele l'ot pres de lui, mes toute voies ne pooit ele oublier Ulixes que tant avoit amé, ne ne fist puis tant co[m]me ele vesqui que auq[ue]s touz les jorz ne le plorast. Assez vesqui par reson Thelegonus, car il tint son royaume en bone pes .LX. ans [et] plus, et m[ou]lt conquist de richeces [et] essauca son regne.
    • c. (Ff. 161a-289c) Suite-Vulgate
      fol. 161a A la mi-aoust aprés ce que li roys Artus ot esté coronez et que il ot receue l'ordre de ch[evale]rie, si co[m]me li contes et la sainte Escripture le tesmoigne, que il tinst court g[ra]nt [et] merveilleuse a Karlyon et fist savoir par toutes les regions dou royaume de Logres, a roys [et] a dux et a touz les autres barons, que chascun venist a cele jornee a Karlyon. A cele court vinst li roys Loth d'Orcanie qui tinst la terre de Leonois d'Orcanie

      Interpolations
      • 1. (Ff. 198a-245b) Faits des Romains Le texte du manuscrit Bodmer présente un certain nombre de passages résumés:
        IIᵉ Partie, ch. II § 9 à ch. XXII § 5
        IIIᵉ Partie, ch. I § 23 à ch. X § 18
          ch. X § 20 à ch. XII § 15
          ch. XVI § 1 à § 8
          ch. XVII § 2 à § 10
          ch. XVIII § 2 à § 30
        IVᵉ Partie, ch. II § 1 à 30 (de l'édition Flûtre).
        • Prologue § 2. fol. 198a Granz estrivem[en]z firent li ancien por savoir co[m]m[en]t ch[evale]rie pooit pl[us] estre essauciee, ou p[ar] force de cors ou p[ar] sen de cuer; car avant q[ue] l'en face la chose, doit l'en conseil p[re]ndre, et ap[ré]s le bo[n] co[n]seil doit l'en sivre le fait; dont ne vault riens conseil sanz ouvre ne ouvre sanz co[n]seil. Por ce essoient les uns des anciens lor engins [et] lor sen, et li autre lor force, q[u]e l'en s'apairoit que sens [et] engin puet m[ou]lt p[ro]fiter aus batailles avec la force. Premierem[en]t c[om]menc[er]ent li roy a esmovoir guerres por achoison de lor seignories acroistre, car ainz q[ue] les guerres co[m]mençassent, li home estoient sanz covoitise [et] soffisoit a chascun ce q[u']il avoit
        • Texte. Titre: >Come Mellins raco[n]te a l'emp[er]eor les g[ra]nz fez de Juille Cesar [et] des Romains<
        • Ire Partie, ch. I, § 1. Ci endroit dit li contes, [et] la sainte Escripture le tesmoigne, que ainçois que emp[er]eres feussent en la cité de Rome, q[ue] mai[n]t roy la gouv[er]n[er]ent [et] pluseurs autres jugeors dont li c[on]tes fera m[en]tion ci aprés. Li p[re]miers roys qui fu en la cité de Rome ot a non Romulus, li quiex establi .X. cors de se-(fol. 198b)-nators, et en chascune cort en avoit .III.; si estoient ancien home et p[ar] lor sens aydoient la cité a gouvern[er], co[m]me li p[er]es fet son enfant; et les apeloient les ge[n]z escriz, car q[ua]nt Romul[us] les ot esleuz, il escrit lor nons en unes tables d'or avant que il les nomast au menu pueple. Tarquin[us] li orgueilleus fu li derreans roys de Rome …–… fol. 245b La cort Pompee ou il fu ocis fu estopee; se l'en trueve en aucun lieu que il fu ocis au Capistoile, ce n'est pas descorde, car ou c'onques li Senaz s'asembloit, ce estoit bien Capistoiles, quar li Capistoiles ne fu fez que por assembler principaument. Li jourz de sa mort fu apelez paricides, et establi l'en que Senat ne feust jamés assemblez ce jour. De cels qui le firent ne seurvesqui nus plus de .III. anz, nonques nus n'en morut de sa mort: li un morurent en bataille, li autre noierent en mer, tiex i ot qui s'ocistrent de lor greffes meismes dont il orent Cesar ocis. >Ci fine co[m]m[en]t Mellins ot co[n]té a l'emp[er]eor de Rome la mort [et] la vie de Cesar <
          Bibliographie
          • L. F. Flûtre et K. Sneyders de Vogel, Li Fet des romains compilé ensemble de Saluste et de Suetoine et de Lucan. Texte du XIIIᵉ siècle…, Paris, Groningue, 1932.
      • 2. (Ff. 245c-250b) Livre de Judith
        Filiation: Le manuscrit Bodmer présente le texte complet conforme à celui de la Bible du XIIIᵉ siècle.
        fol. 245c >Co[m]m[ent] Mell[ins] raco[nte] a Cesar l'e[m]p[er]or le livre de Judith<
        • Prologue. Texte complet: Li Livres de Judith est leuz aus Hebriex [et] est escrit par parole de grec; por ce me travailleré a ta requeste et le te diré au mielz que ge porré en françois. Dont ge te pri, toi [et] touz autres, que vos preigniez Judith, dame juieve m[ou]lt bele [et] resplendissant, en example de chastee, et la desclarez par loange perpetuel; q[ua]r Dex li dona v[er]tu [et] puissance de garder sa chastee, [et] force que ele voinquist celui qui ne pooit estre voincus ne sormontez, [et] dirai comment.
        • Uns roys fu aus Mediens qui ot no[n] Arphaxat; icelui avoit sozmis a son empire [et] a sa seignorie m[ou]lt de genz, et edefia une cité tres puissant, laquelle il apela Ygbathanis; et fist les murs de pierres quarrees tailliees de .LX. coutes de halt [et] de .XXX. de lé; adecertes les tours d'icele mist de .C. coutes de hault. Li costez de chascune q[ua]rreure des tourz estoit de l'espace de .XX. piez, et mist les portes en la hautesce des tours; et se glorefioit aussi co[m]me puissant en la puissance de son ost et en la gloire de ses charroiz …–… fol. 250b Adecertes, en toute l'espace de sa vie ne fu qui troblast Isr[ae]l, ainz furent en pés ap[ré]s sa mort par m[ou]lt, d'ans; adecertes la feste de cele victoire est prisé des Hebriex ou nombre des sainz jorz, et est cultivee et celebree des Juys des celui tans duq[ue]s a cest present jour.
      • 3. (Ff. 250c-262d) Premier livre des Maccabées
        Filiation: Le manuscrit Bodmer présente le texte complet conforme à celui de la Bible du XIIIᵉ siècle.
        fol. 250b >Et c[om]mence le p[re]m[ier] livre des Machabeux.< fol. 250c Il avint puis que Alixandre, fil de Phelippe de Macedoine, qui p[re]miers regna en Grece, issi hors de la terre de Cethim contre Darés, roys de Perse [et] des Mediens, establi m[ou]lt de batailles et tinst toutes les garnisons et ocist les roys de la terre [et] trespassa duq[ue]s a la fin de la terre [et] prinst les despueilles de m[ou]lt de genz; et se tut la t[er]re en son regart [et] assembla la v[er]tu tres fort de ses olz, et est essauciez [et] eslevez son cuer, [et] tint la region des genz [et] des tiranz [et] furent ami entr'eu. Et aprés ces choses, acoucha malades et co[n]nut q[u'i]l morroit, [et] apela ses nobles enfanz qui estoient norri de la jouvente avecq[ue]s lui [et] lor devisa son royaume …–… fol. 262a des queles il ouvra form[en]t; et de l'edefiem[en]t des murs qu'il fist et des choses faites de lui, vez ci ces choses sont escriptes ou livre des jorz de sa p[re]strize des q[ue] il (fol. 262b) fu faiz p[re]stres [et] p[ri]nces des p[re]stres ap[ré]s son pere.
      • 4. (Ff. 262b-267c) Deuxième livre des Maccabées
        Filiation: Le manuscrit Bodmer présente le texte complet conforme à celui de la Bible du XIIIᵉ siècle.
        >Ci fine li premiers livres des Machabeux et c[om]mence li seconz liv[re]s< fol. 262b Aus freres juys q[ui] sont par Egypte, li Juyf, leur frere, q[ui] sont en Jherosolime, salut, et a cels de Judee aussi. Li Diex dou ciel vos face bien et vos doint a touz cuer que vos le cultivoiz [et] façoiz sa volenté, et il vos doi[n]t pais, [et] recevoir [et] essaucier vueille voz orisons. Sachiez que nos somes deprianz, Demetriu[m] regnant, por vos, et rendons graces a celui Dieu qui nos a delivrez par bataille de si g[ra]nt roy q[ua]r il f[i]st issir de Perse cels qui se combatirent contre nos …–… fol. 267c Ces choses faites contre Nichanore[m et] la cité eue des Ebriex en icés tans, ensement ge ferai fin de p[ar]ole en icés choses; et bien est et si co[m]me il covient a l'istoire [et] ge le vueil; adecertes se ge ai fet moins q[ue] digne chose, si me le p[ar]donez. Tout aussi co[m]me boivre adés vin ou yaue est contraire chose, aussi est il delitable chose entrechangier loy; en tele man[ere] se une p[ar]ole est adés oye, aus lizanz ele sera neant profitable [et] neant agreable; dont cist livres sera ci finez [et] consomez.

      Fin de la Suite-Vulgate : fol. 289c et li toli la cité de Banoye [et] toute la terre environ, et ne li remest tant seulement q[ue] le chastel de Trebes, ou la reyne Helaine estoit et Lancelot dou Lac son fil, qui gisoit encore ou bercel, et avec lui tant de gent co[m]me il pot plus avoir [et] aüner. Mes ce fu poi a cel effort soffrir, et i fu Bannins, ses filleux, en cui il se fioit m[ou]lt, et droit avoit car il estoit bons ch[evalie]rs [et] loiaux; et ot .I. senechal que il avoit norri d'enfance, a cui il avoit toute sa t[er]re co[m]mandee aprés la mort Pharien, et ce fu celui qui le treu [sic] et par cui il perdi le chastel de Trebe, ainsi co[m]me li contes devisera ça avant qui co[m]mencera en tele maniere: En la marche de Gales en la petite Bretagne [et] cet[er]a. > Ci fine cest branche de Mellin<
      Bibliographie
      • H. Oskar Sommer, The Vulgate version of the Arthurian romances edited from manuscripts in the British Museum. Volume II. L'estoire de Merlin…, Washington, 1908.
      • Alexandre Micha, art. cit., pp. 143-174.
  • C. Ff. 289c-290b Maurice de Sully: sermon Mulier cum parit n° 18 selon l'édition Robson.
    >C'est uns sermons tret selonc l'ev[a]ngile dou secont dimanche aprés Paques< fol. 289c Mulier co[m] parit, tristiciam habet, venit hora ejus; cu[m] aute[m] peperit filiu[m], jam non meminit p[re]ssure p[ro]pter gaudium, quia natus est in mu[n]du[m.]
    Nostre Sires qui sot bien que li cuers a ses apostres seroit tristes [et] troblez de sa passion, si les conforte, si nos reconte l'euvangile d'ui, et si lor dist le juesdi assolu, le jour deva[n]t sa passion: «Vraiement, fist il, vos di: vos plorrez [et] li mondes avra joie; le monde apela il les homes qui plus aiment le monde que Dieu et qui plus aiment la vaine gloire [et] la joie qui i est que il ne font la joie [et] la gloire des ciex …–… fol. 290b Et por ce despisons les joies de cest siecle [et] deservons le bien dou ciel, si com firent li apostre [et] si co[m] Dex dist en l'euvangile d'ui; car se nos somes p[er]sonier de lor travail, nos serons personier de loier. Quod nobis prestare dignetur Jh[esu] Cr[is]t[us], D[omi]n[u]s N[oste]r, qui cu[m] P[at]re [et] Sp[irit]u S[ancto]
    Bibliographie
    • C. A. Robson, op. cit., pp. 122-128.
  • D. Ff. 290b-290c Maurice de Sully: sermon Vado ad eum n° 19 selon l'édition Robson. >Cist sermo[n]s est selo[n]c le tierz dim[an]che d'ap[ré]s Paq[ue]s< fol. 290b Vado ad eum qui misit me et nemo ex vobis interrogat me: quo vadis? Sed quia hec locutus sum vobis, tristicia implevit cor v[est]r[u]m.
    Nostre Sires Dex sermona a ses apostres le juesdi assolu, le soir devant sa passion et leur dist, si co[m]me l'evangile d'ui raconte, que il les guerpiroit corporelm[en]t: «Ge vois, dist il, a celui qui m'a envoié, c'est a Dieu mo[n] pere, et nus de vos ne me demande ou ge vois. Sachiez certainement, dist il, que mestiers vos est que ge i aille, q[ua]r se ge n'i vois, ge ne vos envoieré pas le sai[n]t Esp[er]it dou ciel qui sera ensemble o vos [et] vos confort[er]a …–… fol. 290c Et si est dit en l'Escripture que puis q[ue] la turterele a perdu son p[re]mier per, qu'ele ne s'ajostera ja puis a autre, et aussi la prode fame, q[ua]nt son seignor est en aucun pelerinage, [et] ele se tient q[ue] ele n'a cure d'autre home; tout aussi est il de la bone ame qui espouse Damedieu et se tient a lui tout adés duq[ue]s ele le voit face a face. Seignors, aussi fesons: despizons la joie dou monde, gardons nos nestement, aorons Damedieu [et] amo[n]s, car ainsi avrons nos la joie dou ciel. Q[uo]d nobis p[re]stare d[ignetur]
    Bibliographie
    • C. A. Robson, op. cit., pp. 128-131.
  • E. Ff. 290c-290d Maurice de Sully: sermon Amen dico vobis n° 20 selon l'édition Robson. >Cist sermo[n]s est en l'evangile dou .IIII. dim[an]che ap[ré]s Paques< 290c Amen dico vobis: Si quis petierit Patrem in nomine meo, dab[it] vobis.
    Nostre Sires Dex nos asseure p[ar] l'evangile d'ui [et] de demain: «Se vos demandez, dist il aus apostres, aucune chose a m[on] pere en mon non, il la vos donra». Et la ou il le dist aus apostres, il le dist a touz cels qui en lui croient; li no[n]s N[ost]re Seignor, selon ce que il est home, si est entepreté Jh[es]ucrist et vraiem[en]t qui demande a Dieu le P[er]e [et] le prie ou non de Jh[es]u, se il est tiex qu'il doie est[re] oÿz, il a ce qu'il requiert …–… fol. 290d Geunons ces .III. jourz qui sont a avenir, et prions Dieu qu'il deffe[n]de son pueple de guerre, de tampestes, de males guerres [sic] bestes, de secheresces, de famines, de mortalitez, de touz perilz et meesmem[en]t de pechié, et nos doint faire teles huevres en terre que nos puissions estre sauf ou ciel. Quod nobis prestare dignetur Jh[esus] C[ristus], Dominus Noster, qui cum Patre et Spiritu sancto vivit [et] regnat, Deus p[er] omnia secula sec[u]lor[um.] Amen.
    Bibliographie
    • C. A. Robson, op. cit., pp. 131-133.
  • F. Ff. 291a-344b Queste del saint Graal Quatrième partie du cycle de la Vulgate: version dite Queste de Map.
    • (fol. 291a) Prologue. Texte complet. Aprés ce que mestre Gautier Map ot trestié et raconté des aventures et des chevaleries des compaignons de la Table roonde [et] des enfances assez souffizanment, si fu avis au roy He[n]ry son seigneur que ce qu'il avoit trestié [et] raconté ne devoit pas souffire, se il ne raco[n]tast la g[ra]nt queste et les merveilleuses aventures du sanc Graal, en quele maniere ele fu enprise et juree a Camaaloth et [com]mence ci aprés ensivant ainsi ceste branche du sanc Graal.
    • A la veille de la Penthecouste aprés la resurrection N[ost]re Seigneur Jh[es]ucrist quatre cenz [et] cinquante quatre aanz, ou mois de jung, q[ua]nt li co[m]paignon de la Table roonde furent venu a Camaalot et il orent oy le servise [et] l'en vouloit mettre les tables, a hore de none, lors entra en la sale a cheval une m[ou]lt bele damoisele, et fu venue si g[ra]nt erre que bien le pooit l'en veoir car ses chevax en fu encore touz suanz. Et ele descent [et] vient devant le roy, si le salue et il dist que Diex la beneye. — «Sire, fait-ele, pour Dieu dites moi se Lancelot est seanz». — «Oyl voir, fait li rois, veez le la»; si li monstre et ele va maintenant ou il est; si li dist: «Je vous di de par le roy Pelles q[ue] vos avec moi venez jusq[ue]s en cele forest». Et il li demande a cui ele est. — «Je sui, fet ele, a celui dont je v[os] parol». — «Et quel besoing, fet il, avez v[os] de moi?» — «Ce savrez v[os] bien» fet ele. — «De par Dieu, fet il, et je irai volentiers». Lors dist a .I.escuier que il meste la sele en son cheval [et] li aport ses armes, et cil li fet tout maintenant …–… fol. 344b Quant il orent mengié a court, li rois fist venir avant les clers qui metoient en escrit les aventures aus ch[evalie]rs de leanz; et q[ua]nt Bohorz ot contees les aventures du Graal teles co[m]me il les avoit veuees, si furent mises en escrit et gardees en l'ermitage de Salesbieres, dont mestre Gautier Map les translata del latin en françois, a la requeste du roy Henri, son seignor. Si se test atant li contes des aventures du s[aint] Graal, q[ue] bien li est d'avis qu'il les a racontees assez souffisanment selonc ce qu'il les trouva en escrit.
    Bibliographie
    • Albert Pauphilet, La Queste del saint Graal. Roman du XIIIᵉ siècle… (Classiques français du Moyen Âge, 33), Paris, 1923.
    • H. Oskar Sommer, The Vulgate version of the Arthurian romances edited from manuscripts in the British Museum. Volume VI. Les aventures ou la Queste del saint Graal. La Mort le Roi Artus… , Washington, 1913, pp. 1-199.
  • G. Ff. 344b-388b Mort le roi Artu Cinquième partie du cycle de la Vulgate. Le Prologue contenu dans le manuscrit Bodmer est relié directement au texte de la Queste del saint Graal.
    • (fol. 344b) Prologue (suite du texte de la Queste del saint Graal). Texte complet. Mais il fu avis au roy Henri, son seignor, que ce qu'il avoit fet ne devoit pas soufire se il ne racontoit la fin de cels dont il avoit fet mention, co[m]ment cil morurent de cui il avoit les proesces ramenteues en son livre; et pour ce co[m]mença il ceste derriene partie. Et q[ua]nt il l'ot mise ensemble, il l'apela la Destrucion de la Table roonde et la Mort le roy Artu, por ce que vers la fin est escrit co[m-] ment li rois Artu fu navrez en la bataille de Salebieres, et co[m]ment il se departi de Girflet, qui tant li fist co[m-] paignie que aprés lui ne fu homs qui le veist vivant. Si co[m]mença mestre Gautier Map ceste derreniere partie en la maniere qui s'ensuit ci aprés.
    • >Ici co[m]mence la destructio [sic] de la Table roonde et le trespassement le roy Artu q[ui] ta[n]t ot d'oneur< Or dit li contes que quant Bohorz fu venuz a court en la cité meismes de Kamaalot, assez trouva qui grant joie li fist, car il le desirroient m[ou]lt touz et totes a veoir. Q[ua]nt il ot aconté le [fol. 344c] trespassement Galaad et la mort Perceval, si en furent m[ou]lt dolent a cort, mes toutes voies se reconforterent il au plus bel que il porent. Lors fist mestre li rois Artu en escrit toutes les aventures que li compaignon du Graal avoient racontees en sa cort; et q[ua]nt il ot ce fet, si dist: «Seignors, gardez entor vos q[ua]nz de noz co[m]paignons avons perduz en ceste queste»; et il li garderent maintenant, si troverent que il lor en failloit .XXII. par conté, ne de touz cels n'y avoit il uns qui ne feust morz p[ar] armes. Li rois Artu, qui avoit oÿ consoner que mesires Gau[vains] en avoit ocis pluseurs, si le fist venir devant lui et li dist: «Gau[vains], je vos requier sus le serem[ent] que vos me feistes q[ua]nt je vos fis ch[evalie]r p[re]mierem[en]t que vous me diez ce que je vos demanderé …–… fol. 388b A l'andemain se parti li roys Bohorz de la Joieuse Garde et envoia son ch[evalie]r et son escuyer arrieres el royaume de Gaunes, et manda a ses homes qu'il feissent tel roy co[m]me il voldroient et co[m]me il cuideroient que bon leur feust, car il ne le reverroient jamés, et pria N[ost]re Seignor qu'il leur donast de tel faire roy qui les gardast et maintenist en bonne pes. Einssi s'en ala li roys Bohorz touz seus avec l'arcevesque et avec Bliobleris, q[ui] estoit de m[ou]lt grant aage, et ne demora guere ap[ré]s ce que il devia de cest siecle; et puis usa li roys Bohorz avec l'arcevesque en l'ermitage le remenant de sa vie el servise Dieu, et m[ou]lt demena sainte vie et honeste; et assez li demostra N[ost]re Seignor g[ra]nt amor a sa fin, car il vit tout ap[er]tement la gloire et la vie p[ar]durable la ou il devoit aler. Si se test ore atant mestre Gautier Map de l'estoire de Lanc[elot], car bien a tot mené a fin selonc les choses qui en avindrent. Et define ci son livre si outreem[en]t que ap[ré]s ce n'en porroit nus raconter chose q[u'i]l n'en me[n]tist. >Explicit la Destruction de la Table ronde et la Mort le roy Artus.<
    Bibliographie
    • Jean Frappier, La Mort le roi Artu. Roman du XIIIᵉ siècle… (Textes littéraires français, 58), Genève, Lille, 1954.
    • H. Oskar Sommer, The Vulgate version of the Arthurian romances edited from manuscripts in the British Museum. Volume VI. Les aventures ou la Queste del saint Graal. La Mort le Roi Artus…, Washington, 1913, pp. 201-391.
    • Voir Pl. 2.
Provenance du manuscrit:
  • Au fol. 159 (lettres de forme XIVe siècle de 50 mm de haut): Antoney de Racygnano est.
  • Sir Thomas Phillipps : n° 1046 de sa collection. Vente Sotheby, 1er juillet 1946.
Acquisition du manuscrit: Acquis directement par Martin Bodmer.
Bibliographie:
  • Bibliotheca Phillippica. Catalogue of a further portion of the renowned library formed by the late Sir Thomas Phillipps… comprising thirty-four illuminated manuscripts of the highest interest and importance…, Sotheby and Co… Monday, the 1st July…, 1946, p. 10, lot 8, et pl. XIII et XIV.
  • Alexandre Micha, Les Manuscrits du Merlin en Prose de Robert de Boron, dans Romania, t. LXXIX, 1958, p. 87.
  • Françoise Vielliard, 'Ci dist li contes et la sainte Escripture le tesmoigne'. Histoire et fiction dans le manuscrit Bodmer 147. Dans : Bien dire et bien aprandre 22 (2004), pp. 79-90.
  • Françoise Vielliard, Un texte interpolé du cycle du Graal (Bibliothèque Bodmer, Manuscrit 147). Dans : Revue d'histoire des textes 4 (1974), pp. 289-337.
  • Le Roman de Troie en prose (version du cod. Bodmer 147), éd. par Françoise Vielliard, Cologny-Genève, Fondation Martin Bodmer, 1979 (Bibliotheca Bodmeriana, Textes 4).