Genève, Bibliothèque de Genève, Comites Latentes 269
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Notice de Isabelle Jeger, Bibliothèque de Genève, pour e-codices 2010.

Titre du manuscrit: Recueil épistolaire : Lettres de Diogène le cynique, de Brutus et d’Hippocrate (considérés au Moyen Age comme les auteurs de ces lettres), traduites du grec en latin par Franciscus Aretinus et Ranutius.
Origine: Italie, Naples
Période: 1467 et 1468 (cf. f. 30r et 72v)
Ancienne Cote: famille Hornby, N/A
Catalogue number: sale of Henri A. Brölemann Library at Sothebys, may 1926, 18
Support: parchemin
Volume: (I-III) gardes antérieures (en parchemin récent) + (IV-V) gardes antérieures + 72 folios + (VI-VII) gardes postérieures + (VIII-X) gardes postérieures (en parchemin récent)
Format: 180 x 120 mm
Numérotation des pages: foliotation moderne au crayon ; les gardes antérieures I-III ne sont pas numérotées ; les gardes antérieures IV et V sont numérotées i et ii; les folios suivants sont numérotés en chiffres arabes de 1 à 72; la garde postérieure VI est numérotée 73.
Composition des cahiers:
Mise en page: réglure à la pointe sèche; justification: 120 x 70 mm; 23 longues lignes par page.
Type d'écritures et copistes:
  • écriture humanistique;
  • Au f. 30r, le copiste se présente sous le nom de Ioannes Marcus, né à Parme, disciple du florentin Petrus Stroza. Selon le Catalogue de Sotheby du 4 juin 1974, il s’agit du copiste Giovanmarco Cinico, disciple de Piero Strozzi, travaillant à la cour de Naples et ayant pris le surnom de « Cynique » par référence à Diogène le cynique, son auteur préféré.
    Bibliographie sur ce copiste
    • Tammaro De Marinis, La Biblioteca Napoletana dei rè d’Aragona, Milan, 1947, 4 vol. (voir « Joan Marco Cinico, di Parma », vol. 1, chap. 2, p. 42-51).
Décoration:
  • f. 1r  : grande initiale A remplie à la feuille d’or accompagnée d’une bordure sur trois côtés, constituée de rinceaux blancs sur peinture rouge, bleue, verte, et pastilles d’or, garnis d’un ange, d’un lapin et d’un papillon ; en bas, deux anges tiennent un écusson d’argent à la fasce de gueules entouré d’une guirlande de laurier vert;
  • autres grandes initiales remplies à la feuille d’or avec rinceaux blancs aux f. 2v, 4r, 31r, 34r, 49r;
  • initiales plus petites alternativement remplies à la feuille d’or (sans autre décor) ou peintes en bleu;
  • titres rubriqués;
  • homogénéité du décor dans tout le manuscrit;
Ajouts: quelques notes marginales dans la partie des lettres d’Hippocrate.
Marques de propriétaires et anciennes cotes
sur le plat supérieur: armoiries de la famille Hornby (voir à Reliure)
sur le contreplat supérieur: armoiries insérées au centre du folio de parchemin, entourées de l’inscription: john roland abbey;
sur la première garde antérieure (en papier), côté recto, deux inscriptions: C. H. S-J. Hornby, Shelley House, Chelsea, dec. 1936.
- N° 18 in sale of Henri A. Brölemann Library at Sothebys, may 1926.
sur la première garde antérieure (en parchemin), côté recto, deux inscriptions: Diog / Brut / Hippo
- Relativement à la supposition de ce ms., [voir] l’histoire de la médecine de Leclerc, in 4°, Bibliothèque grecque de Fabricius, 11 vol., ouvrage latin. Dans le temps que le ms. fut copié on en supposait beaucoup, il a été imprimé tel qu’il est.
au f. 1r: armoiries d’argent à la fasce de gueules; il peut s’agir des armoiries du premier propriétaire (le prince de Salerne ; cf. garde antérieure V côté verso, et colophon du f. 30r) ou d’armoiries refaites pour un propriétaire ultérieur;
sur la garde postérieure en parchemin foliotée 73, côté recto: B. De Laborde, Joannes Delaborde, dans une écriture du début du XIXe s.;
sur la dernière garde postérieure en papier, côté recto: J.A. 3233 / 15.9.1946.
sur le contreplat inférieur: ex-libris de la collection privée des « Comites latentes », portant la devise : nasce a guisa di rampollo a pie del vero il dubbio (citation des vers 130-131 du chant 4 du Paradis, de la « Divine Comédie », de Dante).
Reliure: Reliure du XIXe siècle en cuir vert sur plats en carton; les deux plats sont ornés de filets d’or; le plat supérieur est orné en son centre d’un écusson (3 cors de chasse et un chevron d’or) frappé à l’or (il s’agirait des armes de la famille Hornby, cf. Catalogue de vente Sotheby du 4 juin 1974); les deux contreplats sont également reliés en cuir vert avec filets d’or sur le pourtour, encadrant un folio central en parchemin; nom du relieur sur le contreplat inférieur: bound by w.h. smith & son ltd.; 4 nerfs saillants; dos divisé en cinq compartiments insérés entre les nerfs; les deux compartiments supérieurs contiennent une inscription en lettres d’or: diogen. / cynici / bruti / et // hippo / cratis / epist.; les trois compartiments inférieurs sont ornés d’une fleur frappée à l’or; inscription en lettres d’or au bas du dos : ms. 1467; tranchefiles; doré sur tranches.
Sommaire:
  • f. 1r-30r: Diogène le cynique: Lettres (47 lettres)
    1- pseudo-auteur: Diogène de Sinope, philosophe grec de l’école cynique (fin Ve – début IVe s. avant J.-C.).
    2- traducteur du grec en latin: Franciscus Aretinus (Aretinus: né à Arezzo / Italie, Toscane); il peut s’agir du poète Francesco Griffolini (Arezzo, 1420 – Naples, fin XVe s.) ou du jurisconsulte et humaniste Francesco Accolti (Arezzo, 1416/17 – Sienne, 1488).
    3- dédicataire de la traduction: Pie II (Enea Silvio Piccolomini, pape de 1458 à 1464).
    • (sur la garde antérieure V côté verso) titre écrit en capitales rouges, disposé en croix (une branche verticale et cinq branches horizontales:) diogenis artaxerxis hippocratis atque bruti epistolae pro ill[ustrissi]mo sal[er]ni principe
    • (f. 1r-2r) Elégie versifiée Francisci Aretini in Diogenis cynnici epistolas ad Pium II Pontificem maximum e graeco traductas elegia incipit. Ad Vaticani praeclara palatia Petri …–… Candidus exuperes serius astra Pie.
    • (f. 2v-4r) Prologue Incipit praefatio. Diogenis philosophi epistolas nuper a me e greco in latinum traductas …–… confirmatus aggrediar. Nunc ad ipsum Diogenem veniamus.
    • (f. 4r-30r) Lettres
      • (f. 4r-v) 1ère lettre Crateti Audio quam iniquo animo feras quod pueri athenienses ebrii …–… stultitiam nunquam in huiusmodi mala incidissent.
      • (f. 30r) dernière lettre Epimenidi Diogenes Epimenidi praeclarorum omnium ob virtutem …–… Symonidem difficile est polliceri autem perfacile.
      • (f. 30r) Colophon Ioannes Marcus Petri Stroçae florentini discipulus, Parmae oriundus, Illustrissimo Principi Salerni, Comitis [sic] Severini, Neapoli 1467. X. decembris tranquillo transcripsit animo. Vale diu Princeps et vive Nestoris annos. [Traduction : Giovanni Marco, né à Parme, disciple du florentin Pietro Stroza, a effectué en toute quiétude cette transcription pour l’illustre prince de Salerne, le comte de San Severino, à Naples le 10 décembre 1467. Longue vie au Prince et qu’il atteigne l’âge de Nestor].
    • (f. 30v) (blanc)
    Bibliographie
    • Lettres de Diogène le cynique imprimées dans Epistoles cyntex et traduites en français en 1545 par L. Dupuis.
    • Gesamtkatalog der Wiegendrucke, Leipzig, t. VII (1938), colonnes 439-440, n° 8395.
    • Bibliographie annuelle du moyen age tardif, Turnhout, Ed. Brepols, vol. 2 (1992), n° 1328.
    • Léonce Paquet, Les Cyniques grecs. Fragments et témoignages, Ed. de l’université d’Ottawa, 1975 et 1988 (nouvelle édition revue, corrigée et augmentée) ; rééd. Librairie générale française, « Le Livre de Poche », Paris, 1992.
    • Les cyniques grecs. Lettres de Diogène et Cratès, traduit du grec ancien par Georges Rombi et Didier Deleule, lecture de Didier Deleule, Arles, Ed. Actes Sud, collection Babel, 357, Les philosophiques, 1998.
    • Luis E. Navia, The Philosophy of Cynicism. An Annotated Bibliography, Greenwood Press, Londres, 1995.
  • f. 31r-48r: Brutus: Lettres (70 lettres)
    1- pseudo-auteur: Brutus (né vers 85 avant J.-C. – 23 octobre 42 avant J.-C.), sénateur romain, juriste et philosophe de la fin de la République.
    2- traducteur du grec en latin: le traducteur habituel des Lettres de Brutus est Ranuccio ou Rinuccio d’Arezzo (Ranutius ou Rinucius Aretinus) (XVe s.), également traducteur de fables du grec en latin; ici, le titre du prologue (voir ci-dessous) laisse entendre que le traducteur est un vénitien.
    3- dédicataire de la traduction: Nicolas V, pape de 1447 à 1455.
    • (f. 31r-32v) Prologue Divo Nicolao quinto pontifice maximo [blanc] veneti in Bruti epistolas praefatio incipit. Solent beatissime pater qui invigilant alicui operi quod ad mores hominum …–… nimirum et procul dubio caras habebit.
    • (f. 32v-33v) Lettre de Mithridate Epistola Mitridatis ad Mitridatem nepotem. Quid de epistolis Bruti Mitridates Mitridati nepoti salutem. Epistolas Bruti iterum et saepius sum admiratus …–… cum dilucide tenentur inconsulte facilia ducuntur. >Sequitur Brutus.<
    • (f. 34r-48r) Lettres de Brutus
      • (f. 34r) 1ère lettre Brutus Pergamenis Audio vos Dolobellae dedisse pecunias quas …–… ostenditis illas ultro mihi dare debere.
      • (f. 48r) dernière lettre Dama Bruto Ad eos transmittendi officium spectat …–… id eos denegare necesse est.
    • (f. 48v) (blanc)
    Bibliographie
    • Gesamtkatalog der Wiegendrucke, Leipzig, t. V (1932), colonne 611, n° 5656.
    • Bibliographie annuelle du moyen age tardif, Turnhout, Ed. Brepols, vol. 2 (1992), n° 3943 ; vol. 7 (1997), n° 4957 + n° 4958 ; vol. 8 (1998), n° 3510.
  • f. 49r-72v: Hippocrate: Lettres (16 lettres)
    1- pseudo-auteur: Hippocrate, médecin grec de Cos (né vers 460, † vers 375/351 avant J.-C.).
    2- traducteur du grec en latin: Renuccio ou Rinuccio d’Arezzo (Renutius ou Rinucius Aretinus) (XVe s.), également traducteur de fables du grec en latin.
    3- dédicataire de la traduction: Pie II (Enea Silvio Piccolomini, pape de 1458 à 1464).
    • (f. 49r-50r) Prologue Renucii Aretini in Hippocratis epistolas e graeco ad Pium II pontificem maximum in latinum conversas praefatio Philipus mediolanensis inter medicos nostri temporis praestantissimus …–… eas romano sermone loquentes audire dignetur.
    • (f. 50r-72v) Hippocrate: Lettres
      • (f. 50r-v) 1ère lettre >Rex regum magnus Artaxerxes Paeto salutem dicit< Morbus qui nomine appellatur pestis nostrum invasit exercitum …–… omnino quam primum et ad vota perficias.
      • (f. 72v) dernière lettre >Hippocrates Thessalo filio salutem< Cognitionem geometricae artis arithmetricaeque ut probe teneas …–… huiusm[o]di facultatis cognitionem accedere velis. Τelos [mot écrit en grec] .1468. Neapoli.
    Bibliographie
    • Thomas Rütten, « Zur Anverwandlungsgeschichte eines Textes aus dem Corpus Hippocraticum in der Renaissance », dans International Journal of the Classical Tradition, éditeur Springer Netherlands, volume 1, n° 2, septembre 1994, p. 75-91.
Provenance du manuscrit:
  • Il n’est pas possible de retracer le parcours de ce manuscrit mais, parmi les marques laissées par les divers propriétaires, certaines peuvent être identifiées; et le Catalogue de vente Sotheby du 4 juin 1974 apporte des informations complémentaires.
  • Le manuscrit fut écrit pour Roberto da Sanseverino, prince de Salerne. Selon le Catalogue de Sotheby, cette famille d’origine normande fut l’une des plus importantes du royaume de Naples. Robert était comte de Marsico et grand amiral de Naples; il fut nommé prince de Salerne en 1463 et mourut en 1474.
  • Le 4 mai 1926, les livres d’Henri A. Brölemann furent mis en vente chez Sotheby, et ce manuscrit portait le numéro 18. Il s’agit du riche collectionneur lyonnais Henri Auguste Brölemann (1775-1854), membre du conseil municipal et de la chambre de commerce de Lyon, dont l’arrière-petite-fille, Madame Etienne Mallet, vendit la bibliothèque.
  • Le 15 décembre 1936, ce manuscrit fut vendu chez Sotheby, sous le numéro 159. Il appartenait à A. W. M. Mensing (1866-1936), directeur et propriétaire du Frederik Muller Auction House à Amsterdam.
  • Ce 15 décembre 1936, il fut acquis par Charles Harry St. John Hornby (1867-1946), le fondateur de l’Ashendene Press, une maison d’édition privée fondée en 1895 à Ashendene, puis installée à Chelsea, Londres, en 1899. Cette maison éditait de beaux livres; elle fonctionna de 1895 à 1915, et de 1920 à 1935.
  • Après la mort de C. H. St. J. Hornby, les héritiers vendirent le manuscrit à John Roland Abbey (1894-1969), officier de l’armée anglaise et directeur d’une brasserie, qui commença sa collection de livres en 1929. L’inscription du contreplat supérieur « John Roland Abbey » est à rapprocher de celle de la garde postérieure en papier « J.A. 3233 / 15.9.1946 » qui présente les mêmes initiales, et qui indique le 15 septembre 1946 comme date d’acquisition du manuscrit par John Roland Abbey.
  • Les héritiers de J. R. Abbey mirent le manuscrit en vente chez Sotheby le 4 juin 1974.
Acquisition du manuscrit: Le 17 novembre 2008, il a été déposé à la Bibliothèque de Genève pour rejoindre la collection privée des « Comites latentes », conservée dans cette bibliothèque.
Bibliographie:
  • Jonathan James Graham Alexander, Albinia Catherine de la Mare, The Italian Manuscripts in the Library of Major J.R. Abbey, 1969, n° 27, p. 75-76, planche XXXIII.
  • Sotheby & Co, Catalogue of the Celebrated Library of the late Major J. R. Abbey, The Eighth Portion : The Hornby Manuscripts, Part I, Thirty-four Manuscripts of the 11th to the 15th century, 4 juin 1974, n° 2933, p. 93-95, planche XLIII.